Les ossements des huit victimes sahraouies de la guerre avec le Maroc, découverts en février dernier dans deux fosses communes sises dans les territoires libérés du Sahara occidental, seront remis à leurs familles, le 21 novembre prochain, apprend-on auprès de l'Association des familles des prisonniers sahraouis et des personnes disparues (AFAPREDESA). Les deux fosses communes, qui ont été découvertes accidentellement par un berger, contiennent les ossements de huit cadavres, dont six adultes et deux adolescents, remontant à 1976, a expliqué dans une déclaration à l'APS, le président de l'AFAPREDESA, Omar Abdesslam. Il a fallu attendre les résultats de travail d'un groupe d'experts médico-légal et d'un laboratoire génétique de l'Université basque en Espagne, sollicités par l'Association, pour confirmer la nature des deux fosses, avant d'annoncer officiellement cette découverte "macabre", a-t-il ajouté. Les victimes qui ont été identifiées par des tests ADN ont toutes été exécutées "de sang froid" par l'armée marocaine comme l'attestent les impacts de balles retrouvés sur les dépouilles et les témoignages de leurs proches présents lors de l'exécution collective et qui ont réussi à prendre la fuite, a précisé le président de l'Association. Les fosses, situées dans la région de Amgala non loin de la wilaya de Smara occupée et à un peu plus d'un km du mur de séparation des territoires libérés de ceux occupés du Sahara occidental, vont être exhumées le 21 novembre par l'équipe d'experts espagnols et leur contenu sera remis aux familles des huit victimes, a encore indiqué, M. Abdesslam. Seront présents à cet événement, outre les représentants du Front Polisario, ceux de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), des représentants du Comité international de la Croix rouge (CICR) qui ont été conviés pour y prendre part. Evoquant l'importance que cette découverte peut représenter pour les familles des victimes et leurs proches, longtemps considérées comme disparues, le président de l'AFAPREDESA a estimé que les familles concernées "pourront désormais faire leur deuil et ne plus vivre dans une effroyable incertitude". Il a considéré, en outre, que cette "macabre découverte" comme étant une "pièce à conviction" contre le Royaume marocain qui "confirme ainsi sa propension à la violation systémique des droits de l'Homme" lorsqu'il s'agit des populations sahraouies revendiquant leur droit à l'indépendance. Abondant dans le même sens, un membre féminin de l'équipe d'experts espagnols, Eloïse Gonzalez Hidalgo, a estimé qu"'il est crucial pour les familles des victimes d'être fixées sur le sort de leurs proches". "Il est primordial aussi que l'opinion internationale prenne connaissance des massacres massifs commis par le Maroc contre les Sahraouis", a-t-elle souligné, précisant que "c'est la première fois qu'il y a ce genre de révélations prouvées de manière scientifique sur les violations des droits de l'Homme par les forces de sécurité marocaines". "Quels que soient les enjeux politiques du conflit, la dimension humanitaire doit primer et être respectée", a insisté cette juriste de profession. Créée en 1989 pour défendre les intérêts et la prise en charge des attentes des familles des détenus et des disparus sahraouis, l'AFAPREDESA se bat pour que soient respectés les droits des prisonniers sahraouis et pour que le sort des centaines de disparus depuis le début du conflit armé avec le Maroc soit connu. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc avec le soutien de la France.