La formation politique de l'ancienne gloire du cricket Imran Khan a réclamé mercredi que le patron de la CIA et son chef de station au Pakistan soient jugés pour le meurtre de six talibans présumés tués la semaine dernière par un drone américain dans le nord-ouest du pays. L'attaque avait frappé jeudi dernier un repaire présumé du réseau Haqqani à Hangu, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, qui borde les zones tribales semi-autonomes, considérées comme un no man's land juridique car le code pénal pakistanais ne s'y applique pas. Or il s'agissait de la première fois qu'un drone américain, qui ne frappe d'ordinaire que les zones tribales ou semi-tribales du pays, bombardait une cible dans une des quatre provinces du Pakistan. Juste après ce bombardement, la police avait lancé une enquête pour meurtres. Dans la foulée, le Parti de la justice (PTI) d'Imran Khan, au pouvoir dans la province du Khyber Pakhtunkhwa et hostile aux tirs de drones, avait demandé à la police de nommer les Etats-Unis et la CIA comme principaux suspects de ces frappes. Mercredi, la secrétaire à l'Information du PTI, Shireen Mazari, a ajouté à la pression en demandant par écrit à la police de Tal, le village du district de Hangu où a eu lieu le bombardement américain, que les noms du directeur de la CIA, John O.Brennan, et celui de son chef de station au Pakistan soient explicitement mentionnés au rang des accusés. Le document officiel du PTI transmis à cet effet à la police détaille le nom et le prénom présumés du chef de station de la CIA au Pakistan, une information habituellement secrète et très sensible pour des raisons de sécurité dans ce pays où l'opinion publique est volontiers anti-américaine. En décembre 2010, le chef de la CIA à Islamabad avait dû être exfiltré après que son nom ait été révélé dans une plainte déposée par un homme accusant le renseignement américain d'avoir tué son fils et son frère lors d'une frappe de drone. La CIA, agence américaine du renseignement extérieur, supervise les frappes de drones dans le nord-ouest du pays qui ont fait plus de 2.400 morts depuis neuf ans dont 400 civils selon des organisations de la société civile. Le Pakistan dénonce officiellement ces tirs comme une violation de sa souveraineté, mais a donné le feu vert à un certain nombre de frappes, selon des responsables et des documents révélés au cours des dernières années.