Les Etats africains ont fourni des efforts financiers "remarquables" pour la mise en œuvre du droit à l'éducation pour tous, a relevé mercredi à Alger le vice-président de la commission africaine des droits de l'homme et des peuples, Mohamed Bechir Khalfallah. "Lors des dix dernières années, les dépenses réelles en matière d'éducation ont augmenté de 6% en Afrique subsaharienne et le nombre d'enfants scolarisés dans l'enseignement primaire a augmenté de 48% entre 2000 et 2008 en passant de 87 millions à 129 millions d'enfants scolarisés", a précisé M. Khalfallah à l'ouverture d'un atelier régional sur le droit à l'éducation pour tous en Afrique. Il a également relevé que le taux de scolarisation dans l'enseignement pré-primaire, secondaire et supérieur a connu une croissance de plus de 60% pendant la même période. "Ces efforts importants consentis par nos peuples ont lieu à un moment où le monde vit une crise financière sans précédent qui est devenue une crise économique et maintenant elle est sociale et politique", a fait remarquer M. Khalfallah, un tunisien qui occupe également le poste de président du groupe de travail sur les droits économiques, sociaux et culturels en Afrique. "Des régions de notre Afrique demeurent l'objet de guerres tribales, ethniques voire religieuses qui mettent en danger ces acquis et sa souveraineté", a-t-il averti. Par ailleurs, M. Khalfallah a rappelé que si le groupe de travail a décidé de faire de la réalisation du droit à l'éducation pour tous en Afrique un de ses objectifs phares, "c'est tout simplement parce qu'il n'est plus a démontrer que ce droit est fondamental pour la matérialisation des autres droits de l'homme". Le droit à l'éducation "contribue non seulement de manière indubitable à la liberté et à l'autonomisation de l'homme, il joue également un rôle décisif en matière de développement durable", a-t-il poursuivi. Evoquant la situation de l'éducation en Afrique, il a souligné que la gratuité et l'obligation de suivre l'enseignement jusqu'à 16 ans, "bien que cette mesure soit positive, elle a cependant contribué à une surpopulation des classes et a remis en cause la qualité de l'éducation dispensée aux enfants dans beaucoup de pays africains". M. Khalfallah a, en outre, fait remarquer, que, les taux d'alphabétisme les plus bas sont observés en Afrique surtout subsaharienne, selon les données de l'Unesco, relevant que la femme et la jeune fille africaine en milieu rural ont "difficilement accès à l'éducation". Concernant les travaux de l'atelier, l'intervenant a suggéré aux participants d'explorer le système éducatif des pays représentés, d'identifier les pratiques exemplaires existantes dans ces pays afin de les partager et de relever des difficultés et autres pesanteurs persistantes "qui constituent un frein au droit à l'éducation pour tous". Pour sa part, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'éducation, Kishore Singh, a rappelé que le droit à l'éducation est "inaliénable" et "fondamental", soulignant également la nécessité de tout mettre en œuvre pour que cet enseignement soit de qualité. "L'éducation doit avoir une place de choix dans les programmes de développement de chaque pays", a estimé M. Singh qui a appelé à protéger le droit à l'éducation Par ailleurs, le responsable onusien, originaire de l'Inde, a salué la tenue de cet atelier régional sur le droit à l'éducation à tous en Afrique, exprimant le souhait qu'il contribuera à promouvoir une éducation de qualité dans le continent africain.