La neuvième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a entamé mardi ses travaux sur l'île indonésienne de Bali pour tenter d'aboutir à un accord sur le programme de réduction des barrières au commerce mondial, lancé à Doha en 2001 mais resté depuis lettre morte. "C'est maintenant ou jamais", a déclaré le directeur général de l'OMC, le Brésilien Roberto Azevedo, à l'ouverture de la conférence, souvent perçue comme une "réunion de la dernière chance", alors que les objectifs fixés au Qatar sont restés lettres mortes depuis douze ans. "Il faut que nous en finissions ici. Un accord est possible", a estimé Roberto Azevedo qui a succédé en septembre au français Pascal Lamy. "Si nous échouons, cela ne sera pas seulement le paquet de mesures de Bali qui sera perdu. Ce qui est en jeu, c'est le multilatéralisme lui-même", a averti le nouveau directeur, qui a déployé des efforts désespérés pour relancer le cycle de négociations dit "de Doha", au point mort depuis son lancement en 2001. "Ce serait un résultat tragique", a-t-il dit, dans un très bref discours, en lançant les négociations qui doivent s'achever vendredi entre les 159 Etats-membres de l'OMC. Un nouvel échec à Bali pourrait bien sonner le glas des négociations multilatérales sur l'ouverture du commerce, à l'heure où se multiplient les traités régionaux. La ministérielle achoppe principalement sur l'épineuse question de la sécurité alimentaire. Les 46 pays en développement du "G33" voudraient accroître leurs subventions aux produits agricoles afin d'aider leurs fermiers et nourrir à bas prix les plus pauvres, mais cela est actuellement sévèrement limité par l'OMC, car considéré comme une forme de dumping. Les Etats-Unis ont proposé un compromis qui consisterait à offrir une "clause de paix" de quatre ans, le temps de trouver une solution durable, selon laquelle aucune sanction ne serait recherchée contre les pays qui dépassent le plafond de subventions pour un programme de sécurité alimentaire. Mais l'Inde, à la pointe de ce combat, et le G33 exigent une solution plus permanente. Le "paquet de Bali", qui représente moins de 10% des ambitions affichées à Doha, reste donc suspendu à la possibilité d'un compromis avec l'Inde. Malgré des mois de pré-négociations, aucun compromis n'a été atteint sur une ébauche d'accord qui aurait pu être soumis aux ministres à Bali, augurant mal du résultat, estiment analystes et observateurs. Pour le patron de l'OMC, "c'est une question de volonté politique. La décision est entre les mains des ministres".