Le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, exprime dans cet entretien sa satisfaction de la décision du chef de l'Etat d'épurer les dettes cumulées par les agriculteurs et les éleveurs auprès des banques. «La tâche n'est pas encore terminée», indique-t-il. Des réunions et des rencontres sont prévues, notamment avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et les établissements bancaires pour concrétiser cette mesure. Près de 130 000 exploitants sont concernés. Comment avez-vous accueilli la décision présidentielle d'effacement des dettes des agriculteurs et des éleveurs contractées auprès des banques ? Nous avons accueilli cette décision du président de la République avec une grande satisfaction, persuadés qu'elle aura un impact certain sur le secteur de l'agriculture. Pour notre organisation, il s'agit d'un geste historique attendu depuis plus de deux ans. Nous avons exprimé à maintes reprises notre inquiétude et notre préoccupation vis-à-vis de la situation des agriculteurs et des éleveurs. Les exploitants étaient incapables d'honorer leurs engagements bancaires, ce qui a provoqué des litiges et des poursuites judiciaires. C'est vous dire que la situation était catastrophique. Il fallait donc l'intervention au plus haut niveau de l'Etat pour trouver une solution à cette problématique qui dure depuis 2001. Quelles sont les raisons qui ont fait que les agriculteurs et les éleveurs n'ont pas pu rembourser leurs crédits bancaires ? Les raisons sont diverses. C'est dû essentiellement aux conditions météorologiques et à la sécheresse qui ont affecté notre pays ces dernières années. En l'espace de trois ans, nous avons connu une régression de la production agricole et une envolée sans précédent des matières premières importées. Les éleveurs ont considérablement souffert depuis deux ans. Le foin et les autres aliments étaient et demeurent aujourd'hui inaccessibles, sans compter le poids des autres charges. C'est pratiquement l'avenir de l'agriculture qui est en jeu. Les dettes cumulées auprès de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) ont dépassé 17 milliards de dinars, tandis qu'au niveau de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), le volume de la dette a atteint 24 milliards de dinars. Dans ce contexte, l'intervention de l'Etat est quasiment indispensable. Peut-on connaître le nombre d'agriculteurs et d'éleveurs concernés par l'effacement de leurs dettes ? Au niveau de la CNMA, le nombre s'élève à 49 800. S'agissant des agriculteurs qui ont bénéficié de crédits au niveau de la BADR, ils sont à près 80 000. Au total, ce sont près de 130 000 exploitants qui sont touchés par cette mesure. Concrètement, comment sera organisée cette opération d'effacement des dettes ? Quelles sont les dispositions prises dans ce sens ? Une commission nationale regroupant les membres de l'UNPA et le ministère de l'Agriculture et du Développement rural sera installée prochainement pour prendre en charge le dossier. Cette commission sera représentée au niveau local et sera élargie aux organisations professionnelles du secteur, notamment les chambres régionales d'agriculture. Des réunions seront organisées avec les concernés, notamment les banques, pour voir comment concrétiser les différentes mesures prises. L'essentiel consiste aujourd'hui à suspendre toutes les opérations judiciaires et de recouvrement. Quant à l'aspect financier, l'effacement sera institué dans le cadre de la loi de finances complémentaires de 2009. Quelles sont les échéances arrêtées en la matière ? Nous allons examiner tous les dossiers, au cas par cas, sans exception. Certes, cela nécessitera du temps. Mais il ne faut pas perdre de vue que nous avons attendu sept ans pour bénéficier de cette décision. Dans tous les cas de figure, les autorités publiques sont déterminées à régler ce contentieux afin de permettre aux agriculteurs et aux éleveurs de renouveler leurs investissements. N'oublions pas également que l'effacement des dettes n'est pas la seule mesure de soutien prise par le président de la République. C'est une stratégie de développement agricole et rural qui a été engagée.