Le titre de champion du monde des clubs semble promis au Bayern Munich, samedi au Maroc, lors d'une finale inédite face au Raja Casablanca, modeste représentant du pays hôte qui joue toutefois sur un nuage, au point de faire croire à un nouvel exploit. En toute logique, Franck Ribéry et les siens vivront à Marrakech l'apothéose d'une année en or marquée par quatre autres titres: la Ligue des champions, le Championnat d'Allemagne --où ils sont invaincus depuis 41 matches--, la Coupe d'Allemagne et la Supercoupe d'Europe. Mardi, en demi-finale, le club allemand n'a fait qu'une bouchée des Chinois de Guanghzou (3-0), champions d'Asie, avec un premier but de "Kaiser Franck", en course pour le Ballon d'or. Bien que privée des internationaux allemand Bastian Schweinsteiger et néerlandais Arjen Robben, "l'équipe est trop solide, trop déterminée et son entraîneur trop ambitieux" pour laisser filer ce 5e trophée, affirme le président, Karl-Heinz Rummenigge. "Je suis très impressionné par ce qu'a fait" le Raja et "convaincu qu'un match difficile nous attend", tempère l'entraîneur, Pep Guardiola. "Le Bayern est prêt, veut remporter ce titre et fera tout pour ça", enchaîne néanmoins le technicien catalan, lauréat de l'épreuve en 2009 et 2011 avec le FC Barcelone. "C'est comme une couronne que nous pourrons mettre sur nos têtes pour boucler l'année", renchérit le milieu international, Thomas Müller. En 10 éditions, aucun Mondial des clubs n'a, qui plus est, échappé au champion d'Europe ou d'Amérique du Sud. Il s'agit même de la deuxième fois uniquement qu'un représentant d'un autre continent s'invite en finale (la première, en 2010, avec le TP Mazembe). Oui, mais! La formation bavaroise va trouver sur son chemin un ovni, le Raja Casablanca, qui ne doit sa présence qu'au statut de pays hôte du Maroc. Certes, l'équipe nord-africaine, dont la période de gloire remonte aux années 1990, ne découvre pas l'épreuve. Mais son unique participation remonte à la première édition, en 2000, avec une élimination au 1er tour. "Contre un pays tout entier" Englué en milieu de tableau en championnat, il s'est en outre payé le luxe de limoger son entraîneur à quelques jours du match d'ouverture, recrutant le Tunisien Faouzi Benzarti. Tout cela n'a pas empêché le Raja de remplir son objectif initial en s'imposant en barrage face aux Néo-Zélandais d'Auckland City (2-1). Puis est venu le temps du conte de fées, avec la victoire (2-1 a.p.) en quart face aux Mexicains de Monterrey et celle (3-1), en demie, face à Mineiro, le club brésilien de Ronaldinho. A présent, même exténués par la répétition des matches, les coéquipiers de Mohcine Moutouali semblent capables de tout. "Le rêve n'est pas près de s'arrêter (...). Nous possédons des ressources mentales inépuisables", assure l'attaquant Mohcine Iajour. Sans aucun doute, le Raja pourra aussi compter sur son 12e homme: frustrés de l'absence --une de plus-- du Maroc lors du prochain Mondial, les amateurs de football du royaume se sont pris au jeu. Outre l'ambiance de feu assurée mercredi par les 40.000 spectateurs, l'accession en finale a donné lieu à des scènes de liesse à Marrakech, Casablanca, et même Rabat, la capitale. Signe de l'union sacrée, le roi doit assister au match. "Contre Mineiro, on a vu les célébrations (...). On va jouer contre un pays tout entier", relève Guardiola. "Nous allons nous sacrifier pour le Maroc", confirme le Centrafricain Vianney Mabidé, auteur du 3e but mercredi. "Mes joueurs ont déjà beaucoup donné, mais vont donner encore plus", promet pour sa part Benzarti.