Fatma avait seulement 16 ans lors de l'occupation de la Kabylie par les soldats français. Un jour, elle annonça aux villageois : «Chaque nuit, je vois des hordes farouches qui viennent nous exterminer et nous asservir. Nous devons nous préparer à la guerre !» Prenant ses dires très au sérieux, des émissaires parcourent alors toute la Kabylie pour mobiliser les hommes contre l'envahisseur français qui s'annonce. On dit que c'est un jour de 1852 que Lalla Fatma n'Soumer a reçu cette révélation. Le général Randon, qui n'accepta pas cette défaite, demanda aux habitants d'Azazga de l'aider à trouver la cachette de Fatma n'Soumer «pour en finir avec sa légende et ses méfaits». La réponse faite à son émissaire fut : «Allez près de celui qui vous envoie et dites-lui que nos oreilles n'entendent pas ce langage qui nous demande de trahir.» A cette réponse, le général Randon dit : «Puisqu'ils sont restés sourds à nos appels, je vais leur faire entendre le son des cannons.» Fatma n'Soumer ne se rendit pas. Et même après la prise d'Azazga par Randon et les féroces répressions de ses troupes, elle mobilise la population et livre plusieurs batailles. Elle appelle le peuple à «frapper pour l'Islam, la patrie et la liberté. Ce sont nos constantes et elles sont sacrées. Elles ne peuvent être l'objet de concessions ou de marchandages». Sa forte personnalité a eu une grande influence à travers toute la Kabylie, montrant le chemin par le sacrifice et la détermination de la population durant les batailles, spécialement celles d'Icherridene et Tachkrit, où les troupes ennemies subirent de graves défaites. Lors de la dernière victoire kabyle, le 18 juillet 1854, les pertes de l'ennemi furent lourdes : 800 morts, dont 56 officiers, et 371 blessés. Finalement, Randon demande un cessez-le-feu, accepté par Fatma n'Soumer, une décision stratégique, militaire et politique. Elle planifie d'utiliser cette période pour réorganiser et renforcer ses troupes. Les champs sont labourés et semés, des fabriques d'armes émergent à travers tout le pays. Cependant, cette cessation des combats, comme toutes les précédentes, n'est pas respectée par les Français. Après trois ans, en 1857, les forces d'occupation, ayant aussi réorganisé leur armée, lancent des attaques contre plusieurs grandes villes qu'ils prennent. Fatma n'Soumer, après avoir appelé ses guerriers à la liberté, elle exige de la population un ultime effort. Elle occupa alors trois positions stratégiques. Entourée des femmes de la région, Lalla Fatma n'Soumer dirige l'attaque. Cependant, la bataille fut perdue... Cette même année, Fatma est arrêtée et emprisonnée aux Issers, ensuite ramenée par ses parents dans la zaouïa de Beni Slimane, près de Médéa, où elle rendit l'âme.