Au moins 154 personnes ont été tuées en deux semaines d'affrontements tribaux impliquant des partisans du régime déchu de Mouammar Kadhafi, dans l'ouest et le sud de la Libye, a indiqué le ministère de la Santé samedi. Le ministère a ajouté, dans un communiqué, que 463 personnes avaient été blessées dans les combats dans les villes de Sebha, à 650 km au sud de Tripoli, et à Ouerchefana, à l'ouest de la capitale libyenne. Il n'a pas fourni un bilan précis des victimes pour chaque ville. Mais quelques heures plus tôt, un responsable de l'hôpital de Sebha, Abdallah Ouheida, a fait état de 88 morts et 130 blessés en deux semaines dans les heurts dans la région désertique de Sebha, en affirmant craindre un bilan plus lourd. Il a ajouté que des affrontements sporadiques entre membres de tribus armés avaient encore lieu samedi, mais sans faire état de victimes. Ces accrochages avaient éclaté initialement entre les tribus rivales d'Awled Sleiman et les Toubous, avant que des partisans de l'ex-régime n'en profitent pour occuper la base aérienne de Tamenhant, dans la banlieue de Sebha. Selon le président du Conseil local de la ville, Ayoub Al-Zarrouk, des groupes armés pro-Kadhafi ont repris la base après l'échec d'une première attaque repoussée la semaine dernière par les forces gouvernementales. Le gouvernement avait alors affirmé que la situation était sous contrôle et qu'il avait envoyé des troupes supplémentaires. Mais selon M. Zarrouk, ces renforts ne sont pas encore arrivés. Vendredi, la présidence du Congrès général national (CGN, Parlement), a annoncé la formation d'une force chargée de rétablir l'ordre dans le sud, après y avoir décrété la semaine dernière l'état d'urgence mais cette dernière décision n'a pas été suivie de mesures concrètes. Le Sud libyen est régulièrement le théâtre d'affrontements meurtriers entre les tribus arabes et celle des Toubous, d'origine subsaharienne. En 2012, les combats avaient fait près de 150 morts avant la conclusion d'une trêve. Les Toubous vivent à cheval sur la Libye, le Tchad et le Niger, et dénoncent leur marginalisation au sein de la société libyenne. A l'ouest de Tripoli, dans la ville de Ouerchefana, considérée comme un fief des pro-Kadhafi, une opération militaire a été lancée cette semaine contre des bandes armées, selon des sources des services de sécurité. Parmi ces groupes armés figurent des membres de la tribu de Ouerchefana qui compterait des partisans du régime de Mouammar Kadhafi, renversé en 2011 après une rébellion de huit mois, a-t-on ajouté. Les combats se déroulent autour de la banlieue de Ouerchefana. Des ex-rebelles qui avaient combattu l'ex-régime, participent à cette opération. La situation est très confuse dans cette ville, les violences impliquant plusieurs groupes d'ex-rebelles, de partisans du régime déchu et des bandes criminelles. Depuis la chute du régime Kadhafi, les autorités de transition se montrent incapables de rétablir l'ordre et la sécurité dans un pays en proie à l'anarchie et aux violences meurtrières.