Le Mouloud est parmi nous. Nos villes et villages replongent à l'occasion dans une ambiance tonitruante. Et c'est là un euphémisme. Un doux euphémisme. En fait, c'est quasiment d'un climat de guerre qu'il s'agit. Avec ses blessés, ses mutilés à vie et ses dégâts matériels. Partout, des bandes d'écervelés s'affrontent à coups «d'engins explosifs» aux noms évocateurs : doubles bombes, grenades, missiles… Dans la rue, dans leur voiture et même dans leur foyer, de «pauvres bougres» pacifiques sont pris d'assaut par des barbares d'un genre nouveau. Pourtant, cette année, les pouvoirs publics ont mis une détermination singulière à nettoyer les écuries d'Augias. Des opérations coup-de-poing ont ciblé les tanières des barons de la nuisance sonore. Des saisies record de produits pyrotechniques ont été opérées dans les ports. Dans les quartiers populaires, où les étals fleurissent à l'approche de la fête, des jeunes confortablement installés dans la culture du laxisme n'ont guère digéré le retour de l'autorité de l'Etat. A l'Apreval, sur les hauteurs de la capitale, ils se sont violemment opposés aux forces de l'ordre venues mettre un terme à une flagrante violation de la loi. Est-on irrémédiablement immergé dans cette fatalité ? Existe-t-il des solutions alternatives à cette situation absurde ? Certainement que oui ! Il suffit de faire preuve d'imagination. Voire de juste copier ce qui se fait ailleurs. On pourrait dans ce contexte concevoir que l'activité de production et de commercialisation des produits pyrotechniques soit légalisée. L'intérêt serait de l'extirper des mains de la mafia et de la normaliser. L'Etat aurait ainsi tout le loisir d'agir sur le dosage des produits en matière explosive, leurs dimensions et l'âge de leurs acquéreurs. Mieux, pourquoi ne pas imaginer, à l'instar de ce qui se pratique de par le monde, le ciel de nos cités s'illuminer de feux d'artifice géants ? Pourquoi en effet ne pas offrir aux familles algériennes, sevrées de sorties conviviales, quelques moments de bonheur collectif dans la sécurité ? Pourquoi ne pas offrir à nos petites têtes brunes ces moments de féerie pour que s'écarquillent leurs yeux devant la beauté d'un bouquet de couleurs ? N'est-ce pas là le meilleur moyen de «mouiller un pétard» et d'annihiler la violence de son explosion ? En attendant, enivrons-nous de l'odeur âcre de la poudre. Et rêvons !