Alors qu'elle a été conçue pour apporter du bonheur aux conducteurs, la voiture, ce «joujou de luxe», est devenue, aux yeux des consommateurs algériens,le moyen le plus sûr et le plus rapide pour occuper sa place au cimetière. Les accidents de la route accordent à notre pays la quatrième place peu honorifique des nations les plus meurtrières de la planète. Alors l'Algérien est-il devenu à ce point inconscient, dès qu'il s'installe à l'intérieur de son véhicule ? Pas seulement, hélas ! Les qualificatifs les plus péjoratifs ne suffisent pas pour qualifier cette nouvelle race de «terroristes» de la route. Chauffards, criminels, fous du volant, pollueurs, la vitre de la voiture sert nombre d'entre eux pour se débarrasser de leurs ordures. Mais aussi cracheurs, dragueurs, zyeutant sans vergogne et à se tordre le cou toute forme qui passe, en jupe, et même en hidjab. De plus en plus machos, irrespectueux et j'en passe ! N'en déplaise aux conducteurs qui ne se reconnaissent pas dans cette description, l'automobiliste est devenu cette personne distraite à l'extrême, qui s'arrête où bon lui semble sans tenir compte de qui le suit, faisant sa marche arrière en plein axe autoroutier, c'est même se dire qu'il peut être un danger pour autrui et pour lui aussi. Quand c'est le cas, il sort le bras en guise d'excuse. Et prenez-le comme vous voulez ! On aura beau se creuser les méninges et polémiquer sur les raisons de ce macabre constat, on aura l'impression de tourner en rond, chacun rejetant la faute sur l'autre. Certes, la mauvaise signalisation et l'état du réseau routier, jonché qu'il est de crevasses et autres nids de poules véritables pièges pour qui ne fait pas preuve de prudence et ne cherche pas à l'apprivoiser avec ces lacunes, voire l'absence de normes seront cités. On aura bon invoquer la responsabilité des formateurs des auto-écoles, souvent pointés du doigt ces derniers jours, certains considérant leur activité comme purement commerciale. Les permis de conduire achetés sont un secret de polichinelle ? Tout un chacun connaît au moins un jeune à qui le papa, rempli aux as, a acheté cette clé de sésame pour son fils ou sa fille. Cadeau empoisonné s'il en est et dont la résultante est ce bond vertigineux en matière de nombre de morts sur les routes. L'année 2008, à elle seule, a compté quelque 4000 décès et autant de familles endeuillées. Un drame qui vient les surprendre en pleine nuit, sachant que statistiquement les accidents se produisant la nuit sont plus nombreux. Mais est-ce tout ? S'arrêter en si bon chemin, c'est comme faire une queue de poisson au sujet. Le problème du réseau routier, des auto-écoles ou encore de la voiture, l'élément mobile mécanique, ne sont pas les seuls à incriminer dans cette hécatombe. Ils n'y entrent qu'avec 15% des causes. Le mal réside en l'élément mobile humain et en lui seulement, sachant que 85% des accidents sont dus au comportement des conducteurs. Ne dit-on pas que l'homme conduit comme il se conduit en société ? Plus que jamais, les pouvoirs publics sont interpellés pour sévir encore plus pour mettre fin à ce problème national qui, s'il continue, va développer une nouvelle science, l'accidentologie, dont on se passerait bien. Les dix mesures prises en 2004 par le gouvernement afin de renforcer la répression des infractions les plus dangereuses, avec en tête les excès de vitesse et la conduite en état d'ivresse ont certes eu le mérite de diminuer le nombre d'accidents de moitié, mais rien n'est gagné. Ils continuent d'être élevés, les handicaps à vie à coûter très cher à l'Etat. Dépasser l'enquête routinière sur les circonstances de l'accident et s'il le faut arriver à criminaliser la préméditation au volant est sûrement ce à quoi il faut arriver. Par son comportement au volant, le conducteur algérien est devenu un danger pour lui-même et pour les autres. Le comprendra-t-il un jour ? Faudrait-il encore qu'il ne se tue quelque part sur la route de…