La gendarmerie espagnole a procédé, ces derniers jours, à des expulsions illégales de dizaines de ressortissants africains de la ville de Ceuta dont ils avaient pu franchir la forteresse de barbelés qui sépare ce préside du territoire marocain. Ces expulsions s'effectuent de nuit à travers l'une des portes non visibles à l'œil nu de ce mur de séparation de 11 km. Un photographe espagnol a pu constater de visu ces expulsions nocturnes. Les Africains sont conduits dans des fourgonnettes vers cette porte de sortie qui n'est pas un point de passage public, sitôt après avoir été interceptés. Les autorités marocaines, très discrètes, ont fermé les yeux sur ces expulsions mais ont refusé d'accueillir ceux qui se sont blessés au moment de l'assaut massif contre Ceuta. Leur plan est bien tracé. Tous ces Africains seront reconduits vers la frontière algérienne, près de Oujda. Les autorités espagnoles de Ceuta ont nié avoir procédé à des expulsions illégales, ce que contestent les organisations civiles qui ont pu approcher les expulsés. La loi espagnole est très claire sur les procédures d'expulsions qui doivent se faire dans un cadre légal. Elle fait obligation aux services de lutte contre l'immigration illégale de présenter les étrangers en situation illégale sur le territoire espagnol dans le commissariat le plus proche et d'entreprendre les formalités légales en vue de leur expulsion le cas échéant. Ces ressortissants étrangers ont, en plus, le droit d'être assistés d'un avocat, ce qui n'a pas été bien sûr le cas à Ceuta. Le quotidien El País a fait ces révélations au lendemain d'un nouvel assaut migratoire «à la nage» effectué par près de 400 Subsahariens en direction de la côte de ce préside espagnol dont la frontière est quasi infranchissable.
Au moins neuf personnes mortes Au moins neuf personnes, dont une femme, ont trouvé la mort par noyade dans les eaux territoriales marocaines au moment d'une tentative de pénétration dans la ville de Ceuta par des centaines de Subsahariens. Certains témoins sur place, des ressortissants africains, ont accusé la Gendarmerie espagnole d'avoir usé de gaz lacrymogène et même tiré des balles en caoutchouc - certains affirment qu'il s'agissait aussi de balles réelles - pour freiner leur assaut. Les forces de sécurité espagnoles ont démenti ces accusations. Dans une déclaration faite à l'agence Efe sur cette tragédie qui a fait la Une de tous les quotidiens, le ministre de l'Intérieur, Fernández Díaz, a «regretté» la mort de ces neuf Africains. Il estime que les pressions migratoires sur les présides espagnols de Ceuta et de Melilla sont le résultat d'un plus grand contrôle sur les mouvements migratoires en direction de l'Espagne, «grâce à une collaboration exemplaire avec les autorités marocaines dans ce domaine».