Une figure de la gauche égyptienne, Hamdeen Sabbahi, a annoncé samedi qu'il se présenterait à l'élection présidentielle prévue cette année et pour laquelle le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi est donné grand favori. Il s'agit de la première personnalité politique de poids à annoncer sa candidature au scrutin dont la date n'a pas encore été fixée. Très populaire, le maréchal Sissi, également ministre de la Défense, n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature mais il ne fait pas mystère de ses intentions depuis qu'il a destitué le président Mohamed Morsi le 3 juillet et que le gouvernement mis en place réprime ses partisans. Lors de la présidentielle de juin 2012 remportée par l'islamiste Morsi, M. Sabbahi était arrivé troisième au premier tour, pas loin derrière M. Morsi et un ancien Premier ministre du président déchu en 2011 Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq. Il était ensuite devenu l'un des plus virulents détracteurs de M. Morsi, qu'il accusait de perpétuer les injustices sociales et l'autoritarisme de l'ère Moubarak. Dans un discours à ses partisans, retransmis en direct à la télévision, M. Sabbahi a annoncé sa candidature, déclenchant des cris de joie parmi son auditoire: Notre vote pour Sabbahi! J'espère que ma décision va plaire aux jeunes et répondra à leurs demandes, a-t-il ajouté. Se réclamant de l'héritage du charismatique président Gamal Abdel Nasser, M. Sabbahi avait capté lors de l'élection de 2012 une importante partie du vote des jeunes et des révolutionnaires qui s'étaient soulevés contre le régime Moubarak. Lors de la présidence de M. Morsi, il avait fait partie du Front de salut national (FSN), actif dans les manifestations contre le pouvoir islamiste. Le 30 juin 2013, lors des importantes manifestations pour un départ de M. Morsi du pouvoir, il avait appelé l'armée à agir pour faire respecter la volonté du peuple si M. Morsi ne partait pas de lui-même. Le FSN a été miné par de profondes divisions entre les partisans du maréchal Sissi et ceux de M. Sabbahi. Le maréchal Sissi et les autorités ont promis qu'ils ne reviendraient pas aux pratiques en vigueur sous le régime de Moubarak, lors duquel des milliers de prisonniers politiques étaient détenus et où la liberté d'expression était bafouée. Pourtant, plus de 1.400 personnes ont été tuées depuis la destitution de M. Morsi en majorité des manifestants pro-Morsi, et plusieurs milliers de Frères musulmans ont été arrêtés, selon Amnesty International. Et après les pro-Morsi, les forces de l'ordre ont ouvert plus récemment un nouveau front en s'en prenant aux mouvements laïques.