Les participantes à un rassemblement sur "La défense du rôle et de la mémoire des femmes martyrs et des Moudjahidate" ont appelé samedi à Alger dans une déclaration, à "préserver" les "symboles" de la révolution algérienne, et considéré que toute attaque les visant est une "atteinte" à "la matrice fondatrice" de la République algérienne. Issues de divers domaines d'activités et représentant les quatre coins du pays, les nombreuses participantes à cette rencontre ont "condamné" les attaques ayant ciblé récemment des "symboles" de la révolution algérienne, à savoir les Moudjahidate Zohra Drif Bitat et la martyre Fatiha Hattali, dont le militantisme a été remis en cause par l'un de leurs compagnons de lutte et ancien chef de la Zone autonome d'Alger, Yacef Sâadi. "Pour nous, toutes générations confondues, la révolution algérienne est sacrée: elle est au-dessus de nous tous et doit être respectée, vénérée, car nous savons ce qu'elle a coûté en douleurs, en souffrances, en morts et disparus. Nous savons surtout que notre Révolution est notre bien collectif le plus précieux", ont indiqué les participantes dans la déclaration adoptée à l'unanimité. Etaient présentes à cette rencontre, la moudjahida et membre du Sénat, Zohra Drif Bitat, la ministre de la culture, Khalida Toumi, d'anciennes ministres, la Secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, des parlementaires, des moudjahidate et des représentantes de la société civile et de la classe politique. Rappelant que les "accusations" de Yacef Saâdi sont basées sur des documents "falsifiés" de l'armée française, la déclaration a noté que les femmes sont "celles qui souffrent le plus de la réécriture falsificatrice de l'histoire" et que "très peu" de récits ont été écrits par des femmes. "Nous femmes et filles d'Algérie ne tolérons plus aucune attaque, aucune insulte, aucun déni contre nos moudjahidate et chahidate", ont conclu les animatrices de cette rencontre tout en avertissant contre les "retombées" négatives que ce genre de faits peut avoir sur la jeunesse algérienne. "Celui qui porte atteinte à l'un des symboles de la révolution a ciblé la révolution elle-même et l'Etat algérien", a dénoncé la ministre de la Culture, Khalida Toumi qui a n'a pas écarté l'existence d'un "lien" entre cette polémique née de la publication des "Mémoires" de la moudjahida Zohra Drif Bitat et l'évolution récente de l'"affaire" Maurice Audin. "La tempête qui vient de naître à Alger a fait taire celle qui a suivi les révélations à Paris sur l'assassinat de Maurice Audin", a-t-elle assuré, à ce propos. "Nous ne sommes pas là pour défendre l'honneur d'une Moudjahida mais pour redire notre reconnaissance pour le sacrifice qu'elle a consenti pour que l'Algérie soit indépendante ainsi que celui de toutes les Moudjahidate. Lorsqu'on porte atteinte à l'honneur d'un Moudjahid, c'est à la révolution que l'on porte atteinte", a indiqué, de son côté, Louisa Hanoune qui a qualifié cette rencontre de "sursaut national" et plaidé pour une écriture "objective" de notre histoire. Zohra Drif: Je répondrai au moment opportun La Moudjahida Zohra Drif Bitat, qui s'est jusque-là contentée d'une seule réaction (à travers une émission télévisée) aux accusations proférées à son encontre par Yacef Saadi, a affirmé, dans une déclaration à l'APS, qu'elle allait répondre à son détracteur "au moment opportun". Exprimant une "extrême émotion" devant les marques de soutien et de confiance que les nombreuses intervenantes lui ont témoignées, elle a néanmoins déclaré que "cette rencontre a démontré que les Algériennes ont eu le sentiment qu'à travers deux Moudjahidate, c'est la matrice de la République que représente la révolution qui a été ciblée". Le 20 janvier dernier, l'ancien chef de la Zone autonome d'Alger (ZAA), Yacef Saâdi avait accusé la moudjahida Zohra Drif Bitat, d'avoir "vendu" Ali La pointe et ses compagnons à l'armée française et qualifié les mémoires publiées récemment par cette dernière de "mensongères". Quelques jours plus tard, l'auteur des accusations est revenu sur ses propos pour laisser entendre que ces dires ont été mal interprétés par les Directeurs de journaux auxquels il s'était adressé. Yacef Sâadi a affirmé dans une mise au point, qu'il n'avait pas accusé la moudjahida "comme rapporté par certains médias".