Plusieurs femmes ont lancé un appel en faveur de la promulgation d'une "loi criminalisant le révisionnisme historique et toute atteinte aux symboles de la Révolution de 1954". Cet appel fait suite à la polémique provoquée dernièrement par Yacef Saâdi, un des principaux chefs de la Zone autonome d'Alger (ZAA), pendant la guerre de Libération nationale, qui a accusé publiquement la moudjahida Zohra Drif d'avoir trahi Ali La Pointe et ses compagnons de lutte, cachés en septembre 1957 à La Casbah (Alger). Sur initiative d'un groupe d'une vingtaine de femmes, dont la poétesse et romancière Zineb Laouedj, la chef de cabinet au ministère de la Culture, Zéhira Yahi, et l'avocate Mounia Meslem, un rassemblement des Algériennes "pour la défense du rôle et de la mémoire des chahidate et moudjahidate de la guerre de Libération nationale" s'est tenu hier matin à la salle El-Mouggar. Des centaines de femmes et de jeunes filles appartenant à diverses tendances politiques et venues des différentes wilayas du pays, dont des représentantes du mouvement associatif, des militantes de partis politiques, des écrivaines, des journalistes et des artistes, ont participé à ce regroupement. La présence de Mme Drif-Bitat aux côtés d'autres moudjahidate, de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, de la porte-parole du RND, Nouara Djaâfar, de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, et de femmes parlementaires n'est pas passée inaperçue. Dans leurs interventions, les femmes qui se sont succédé à la tribune ont appelé à "la protection", voire à "la défense de notre mémoire nationale", en insistant sur le principe de "l'Algérie avant tout". Certaines, comme Me Meslem, ont évoqué "une ligne rouge" à ne pas dépasser, afin d'éviter de traîner dans la boue les noms des combattants et des martyrs de la Révolution de novembre 54. "Nous sommes dans un Etat qui a ses institutions et nous parlons la langue de Larbi Ben M'hidi. Nous ne tolérons plus que l'on porte atteinte aux symboles de notre Révolution", a déclaré l'avocate. Cette dernière a invité les citoyens algériens à "se constituer en partie civile" pour ester en justice tous ceux qui chercheraient à nuire la Révolution de 54. S'adressant aux parlementaires présentes, elle proposera la promulgation d'une loi "criminalisant toute personne ou partie qui veut ternir la Révolution et ses symboles, ainsi que l'histoire de l'Algérie". Une suggestion plébiscitée à coups de youyous et d'applaudissements, et qui sera renouvelée par les intervenantes suivantes. D'autres propositions ont été soumises à l'assistance, telles que la création d'une association nationale pour la sauvegarde de la mémoire des moudjahidate et des chahidate, et celle d'un observatoire national et/ou d'un centre de recherche chargé de recenser, de suivre et de contribuer à la production d'ouvrages sur la guerre de Libération nationale, à commencer par les acteurs et témoins vivants de ce pan de notre histoire. Du haut de la tribune, des oratrices ont insisté sur "la continuité de la lutte" des moudjahidate par les générations de femmes post-Indépendance. D'aucunes ont appelé à "la vigilance" face aux "agressions" internes et externes visant à déstabiliser le pays, à "semer le doute dans l'esprit du peuple algérien et surtout chez la jeunesse", et même à provoquer "un conflit fratricide". D'autres ont souligné l'importance du rôle de l'historien, et rappelé, concernant Yacef Saâdi, que ce dernier s'était déjà distingué par des accusations portées à l'encontre des femmes moudjahidate, à l'exemple de l'ex-condamnée à mort, Djamila Bouhired (en 2009), et de l'ancienne combattante torturée, Louisette Ighilahriz (en 2001), avant de s'en prendre cette fois à Zohra Drif et à Fatiha Hattari, la femme de Mustapha Bouhired. "La Révolution est le bien collectif le plus précieux, on ne peut pas l'acheter ni le vendre", a soutenu la ministre de la Culture. Selon Mme Toumi, "un peuple qui accepte que sa mère soit insultée ou humiliée est un peuple qui sera à son tour insulté et humilié". H. A Nom Adresse email