Arts divinatoires ou pure magie blanche ou noire ? Hérésie ou culte mystérieux inventé par les hommes ? La pratique de la sorcellerie et de la voyance a toujours accompagné l'humanité depuis les temps immémoriaux. Selon les cultures et les sociétés, ces pratiques n'ont pas toujours été rejetées, honnies ou criminalisées. En Afrique, le sorcier est considéré comme un gourou, un être indispensable qu'on respecte et qu'on consulte même pour des faits anodins. De même qu'en Amérique latine, les «chamans» sont adorés et font partie des castes les plus élevées socialement. En fait, en dépit de toutes les législations modernes, les interdictions strictes des clergés monothéistes et l'évolution des communautés humaines, la vision générale des hommes et des femmes n'a pas changé d'un iota sur le paranormal. Les arts divinatoires ne deviennent plus un tabou ou un luxe. Mieux, les scientifiques ont créé et développé une nouvelle science basée sur l'irrationnel et le paranormal et sur des théories qui défient les lois de la physique, la parapsychologie. C'est dire que ces pratiques se sont banalisées partout. Aujourd'hui, les offres des «magiciens» se trouvent sur la toile, proposant des tarifs préférentiels, des séances d'exorcisme, des conseils et des recommandations. En Algérie, on ne déroge pas à cette règle. Le recours à la sorcellerie n'est plus l'apanage de la grande «masse» populaire, mais touche également d'autres segments de la société, comme les élites cultivées et les technocrates, les politiciens et les hommes d'affaires. Tout le monde cherche sa belle étoile, en provoquant le «destin», multipliant les chances de succès, de bonheur, de santé et d'argent. Le monde est devenu tellement complexe et les duretés de la vie encore plus rudes que les hommes et les femmes ne font plus mystère de recourir à ces pratiques. Pour certains, c'est une thérapie et un moyen de cultiver l'espoir d'un lendemain meilleur, pour d'autres c'est un non-sens et une insulte à la raison et à la conscience humaine. Malgré les condamnations des jurisconsultes et exégètes musulmans, la magie sous toutes ses formes a pris des proportions incroyables et alarmantes dans notre pays. Un marché florissant s'installe et la clientèle ne lésine sur aucune dépense pour faire «fuir» le mauvais sort, le mauvais œil. Des sectes secrètes naissent pratiquant des cultes «sataniques» et tentent de faire du «prosélytisme» de ces rites à travers le pays. De la simple lecture des horoscopes aux usages du «b'khor», en passant par le port des amulettes, les Algériens ne font que reproduire des comportements vieux de plusieurs millénaires, oubliant qu'en ces temps-là, la sorcellerie et la voyance étaient des «armes» de combat contre les dangers étrangers et des «défenses» contre des risques invisibles et inconnus.