Qui mieux que les animateurs connaissent l'histoire, les artistes, les meubles, les enregistrements et les couloirs de la RTA ?On ne peut raconter l'histoire de la radio et de la télévision algériennes sans passer par les animateurs qui sont parmi les premiers à faire justement l'histoire de la RTA. En effet, tout artiste ayant régulièrement travaillé au 21 boulevard des Martyrs avant ou après l'indépendance vous citera les noms de ces artistes de la parole. Tous les grands artistes tels que le comique Djafer Beck qui fut surnommé le Japonais lorsqu'il était officier de l' ALN, les frères Hilmi et Farida Saboundji, la première speakerine de la télévision, citent Rédha Falaki. A l'école Falaki Cet homme de culture, qui est pratiquement le père de tous les animateurs de la radio, a formé toute une génération de comédiens. Alors qu'il n'avait que 17 ans, Rédha Falaki avait déjà écrit et présenté une pièce de théâtre satirique sur la jeunesse bourgeoise. Il débuta très jeune à la radio où il racontait les contes qu'il écrivait lui-même. La direction de la section arabe dirigée par El Boudali Safir l'avait chargé de diriger toutes les émissions enfantines et de jeunesse. Tous les animateurs tels que Mohamed Bouteldja et Zohir Abdellatif passeront donc, directement ou indirectement, par l'école pratique de Falaki. La grande chanteuse Seloua a également fait ses débuts en 1952 dans une émission enfantine de Falaki. Il faut noter qu'après avoir produit des dizaines d'émissions après l' indépendance, Rédha Falaki est parti en 1965 à Bruxelles où il continuera ses études pour devenir cadre dans une banque. Il écrira en parallèle des romans et des pièces de théâtre dont l'une sera primée en 1983 à Palerme. Le comédien et speaker Mohamed Bouzidi est également passé par l'animation radiophonique, et grâce à sa bonne diction, il aurait pu suivre la voie du plus grand des speakers Aïssa Messaoudi. La chanteuse Seloua retrouvera l'animation dans les années 1970 dans l'émission «Alhane oua chabab» alors que l'orchestre qui accompagnait les jeunes concurrents était dirigé par le musicien et virtuose du oud Moâti Bachir. Leila s'était reconvertie de présentatrice des programmes à animatrice de l'émission «Rasd oua Maya». Avant cette période, Mohamed Bouteljda et Zohir Abdellatif avaient animé la célèbre émission «Djennet el atfal» (Le paradis des enfants) qui deviendra par la suite «Hadiqet el atfal». L'autre animatrice qui arrivera plus tard pour s'investir dans ce créneau est l'inoubliable Tata Nedjoua qui donnera la joie aux tous les petits. Il est à signaler que la plupart des émissions télévisées de l'époque passaient également à la radio. Djamel Khouidmi, le maître L'un des maîtres de l'animation radiophonique est Djamel Khouidmi. Il est l'un des premiers à avoir animé les émissions de dédicaces. L'émission qu'il animait quotidiennement «Ma yatlobouhou el moustamiôune» aura duré plusieurs décennies. Il paraît que cet artiste connaît toutes les chansons de Abdelhalim Hafedh et Guerouabi. On dit également qu'il connaissait toute la liste des chansons qui se trouvaient dans les archives de la RTA. Cette véritable encyclopédie de la variété a d' ailleurs montré son savoir-faire en produisant des émissions de télévision réussies telles que «Min koul haql zahra» (une rose de chaque champ). D'autres émissions radiophoniques ont également marqué les premières décennies de l'indépendance. C'est le cas de «Sabah El Kheir» qui passait tous les matins à 8 h. Cette émission féminine présentée par Samia (d'origine libanaise) était très suivie par nos mères. Des poètes à la radio Les Algériennes et les Algériens suivaient également l'émission «Alwane» que présentait, quotidiennement à midi, le grand poète Mohamed Lakhdar Essaïhi. D'autres poètes ont fait les beaux jours de la radio algérienne, notamment Ahmed Chekkar, Mohammed Bouzidi et Moussa Moussa dit Mohamed El Guebli. Cheikh Dahhaoui, dont l'oncle maternel est l'imam Saïd Ramadhane El Bouti, a été aussi parmi les grands animateurs de la radio aux côtés de Ali Fedhi qui racontait des contes aux enfants et d'Ahmed Kadri (pas de lien avec Qriqech) dont l'humour est reconnu et redoutable. Abdelkader Talbi était aussi parmi les meilleurs animateurs de la RTA. Il avait la bonne diction, le don de communication et le télégénie. Parmi les meilleurs animateurs d'émissions télévisées, on relèvera aussi les noms de Djamel Eddine Baghdadi (décédé récemment) et Hamraoui Habib Chawki. Dans les années 70-80, une nouvelle génération d'animateurs a conquis la radio et la télévision. Certains d'entre eux tels que le chanteur Meskoud sont passés par la radio avant de passer à l'écran. La Chaîne III se souvient de Kamil qui était parti aux USA, puis de Malika Lafer, Kheddoudja et Allalou. Djalal, l'animateur de l'émission télévisée «Choumouê Ettilifizioune» (les bougies de la télé) serait également passé par l'école de la radio où l'on retrouve des jeunes tels que Omar Driassa qui fait un merveilleux travail. Les sportifs et les chanteurs Pour l'animation sportive, le doyen des speakers d'avant- indépendance était El Assimi. Il sera suivi par tant d'autres tel que Cherif Zerouala avant l'arrivée de Faycal Haffaf et d'autres qui, malheureusement, ne font pas d'efforts. En langue arabe, c'est Abderrezak Zouaoui qui aura le plus de fans. Il sera rattrapé par Sellah, puis Benyoucef Ouadia. Il est rappeler que mis à part Seloua, de grands chanteurs ont tenté l'expérience de l'animation notamment Hamidou, Meskoud, Khaled Louma (chanteur de T34), Mahieddine Bentir (2e à l'Eurovision 1966) et Nassima (andalou). Le présentateur de «Fen Bladi», Yacine Bouzama, est aussi un bon chanteur de hawzi. Par ailleurs, Le chanteur Mustapha Anouar, qui avait animé une soirée en juillet 2004 sur l'esplanade de Riadh El Feth, avait montré des talents exceptionnels en présentant les chanteurs. La génération actuelle est en train de marquer son temps. Tous les matins, des jeunes très dynamiques se relaient sur l'écran de Canal Algérie, notamment Amel Eulmi et Mahrez. L'autre animateur Mehdi a trouvé un bon créneau en se spécialisant dans l'horoscope et la signification des prénoms. Hamiti qui aurait décidé de ne plus dominer ses invités est aussi un bon animateur.