L'armée nigériane est dépassée dans sa lutte contre les islamistes de Boko Haram et devrait recevoir des renforts en urgence, a prévenu lundi le gouverneur de l'Etat de Borno, dans le nord-est, au cours d'une entrevue avec le président Goodluck Jonathan. Le gouverneur Kashim Shettima s'est rendu dans la capitale fédérale Abuja pour des entretiens avec le président et les responsables militaires à la suite du massacre, samedi dans son Etat de 106 personnes, pour l'essentiel des chrétiens, du village de Izghe. Nous sommes en état de guerre. C'est ce que je suis venu dire au président, a-t-il dit à la presse après l'entrevue. J'ai clairement expliqué au président que (les rebelles de) Boko Haram sont mieux armés et plus motivés, que les forces de sécurité. Et d'ajouter que, sans davantage de soldats et de moyens, il est impossible de battre Boko Haram. Lundi, l'Etat-major de l'armée nigériane a affirmé dans un communiqué que les missions terrestres et aériennes ont été augmentées dans les forêts et les collines où se cachent les islamistes. Les forces de sécurité vont continuer à user d'une puissance de feu nécessaire à l'accomplissement de leur mission jusqu'à ce que les terroristes soient défaits, promet l'armée. Les villageois d'Izghe ont été massacrés samedi par des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram. Boko Haram dit combattre pour l'instauration d'un Etat islamiste dans le nord du Nigeria, une zone à dominante musulmane. L'armée nigériane poursuit une vaste offensive contre Boko Haram depuis mai dernier dans les Etats de Borno, d'Adamawa et Yobe, tous trois placés en état d'urgence dans le nord-est du Nigeria. Mais les islamistes continuent leurs attaques et attentats, s'en prenant aux forces de sécurité, à la minorité chrétienne mais aussi aux milices d'auto-défense anti-Boko Haram formées par des habitants avec l'aide de l'armée. Le président Goodluck Jonathan a exprimé sa frustration devant la difficulté à combattre Boko Haram et a remplacé le mois dernier tous les chefs de l'armée fédérale.