«Boko Haram est une organisation terroriste qui a tué sans motif et a bouleversé la vie politique du Nigeria avec des méthodes fondamentalistes qui sont inacceptables», a affirmé M.Kerry, en marge du Sommet de l'UA. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a de nouveau exhorté hier les autorités nigérianes pour que l'armée ne commette pas d' «atrocités» contre des civils au cours de son opération contre les insurgés islamistes de Boko Haram, et a dénoncé la répression au Soudan. L'armée nigériane mène depuis le 15 mai une vaste offensive contre le groupe islamiste Boko Haram dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa (nord-est), où l'état d'urgence a été décrété par le président Goodluck Jonathan, pour y reconquérir des zones tombées aux mains des insurgés. «Boko Haram est une organisation terroriste, qui a tué sans motif et a bouleversé la vie politique du Nigeria avec des méthodes fondamentalistes qui sont inacceptables», a affirmé M.Kerry devant des journalistes en marge du Sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Jusqu'ici, les Etats-Unis s'étaient abstenus de qualifier Boko Haram d'organisation «terroriste», mais avait placé trois de ses dirigeants sur une «liste noire», les accusant d'être proches d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). «Nous soutenons complètement le droit du gouvernement du Nigeria à se défendre et de combattre les terroristes. Cela dit, j'ai soulevé la question des droits de l'homme avec le gouvernement», a-t-il dit. «Mais les atrocités commises par certains ne doivent pas excuser celles commises par d'autres», a souligné le secrétaire d'Etat. M.Kerry, qui espérait rencontrer hier le président Jonathan à Addis-Abeba, a mis «au crédit» du gouvernement qu'il «avait reconnu qu'il y avait des problèmes, et qu'il essayait de les contrôler». Les Etats-Unis et plusieurs ONG se sont dits inquiets sur le sort des populations civiles, l'armée nigériane ayant souvent été accusée de graves violations des droits de l'homme dans sa répression des islamistes par le passé. «Nous essayons tous de respecter les meilleurs principes» de comportement, a déclaré M.Kerry lors d'une conférence de presse commune avec le ministre éthiopien des Affaires étrangères Tedros Adhanom Ghebreyesus. En outre, il a insisté sur le fait que les autorités nigérianes ne devaient pas chercher à se «venger», assurant que la meilleure méthode était «une bonne gestion» et le fait de «parvenir à se défaire des organisations terroristes de façon à établir un état de droit que les autres respectent». Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et la répression de l'insurrection par les forces de sécurité ont fait 3.600 morts depuis 2009. A propos du Soudan, M.Kerry a accusé le président Omar El Bechir de «réprimer» les peuples du Kordofan-Sud et du Nil Bleu (sud), et tente de leur imposer la loi islamique. Dans ces deux régions «il y a des gens qui depuis longtemps souhaitent avoir un gouvernement laïc, et voir leur identité respectée», a dit M.Kerry. «Malheureusement, le président Bechir cherche à faire pression sur eux, avec des moyens autoritaires et violents, alors «que, simplement, ils ne veulent pas accepter d'être gérés par la loi» islamique, a-t-il ajouté. Alors qu'il devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères soudanais, Ali Ahmad Kari, M.Kerry a reconnu que le soutien supposé du Soudan du Sud aux rebelles du Mouvement de libération populaire du Soudan (SPLM) dans ces deux régions, inquiétait le Soudan.