L'implantation de sablières sur les berges de l'Oued Soummam et sur quelques-uns de ses affluents, notamment Oued Sahel, a tendance à perturber l'écosystème et à induire, à long terme, des retombées qui chambouleraient les ressources hydriques superficielles et souterraines. L'activité de l'extraction du sable est certes créatrice de richesses et d'emplois mais elle laisse des séquelles profondes sur les cours d'eau. Ils sont des centaines de camions à bennes, qui se relayent en boucle, pour recevoir des tonnes de sable avec le rétro-chargeur, qui, par un énième geste, «éventre» le lit de l'oued. Le sable remorqué est acheminé vers les sablières. Là, il est amoncelé, débarrassé de la caillasse, qui servira de gravier une fois broyée. Il est ensuite sassé et lavé, pour être livré aux clients à raison de 4000 DA la remorque. Ces gestes répétés de manière itérative et quotidienne laissent apparaître un paysage désolant et hideux. Le lit d'oued se trouve creusé profondément par endroits. Des alluvions et des cratères se forment ici et là, regorgeant d'eau boueuse. L'oued est presque vidé de son sable, parce que exploité sans relâche. Heureusement que les crues, qui interviennent essentiellement en hiver, remblaient quelque peu les trous béants et les tranchées géantes laissés par les engins d'extraction. L'été de tous les dangers C'est en été que les choses se corsent. Avec la sécheresse, l'eau ne coule pas, des mares se forment en conséquence et l'extraction atteint son rythme de croisière. Les conséquences risquent à la longue d'être désastreuses. Il y a, en premier, les forages qu'effectuent les sablières sur les berges des oueds, qui puisent de la nappe phréatique. Deuxièment, au même moment, il y a les forages des différentes communes, destinés à l'alimentation en eau potable de la population. Le niveau de la nappe, de ce fait, diminue. Ce sont les propriétaires des puits qui le constatent à leurs dépens. Autre conséquence et pas des moindres, la disparition du sable, qui agit comme un filtre contre les eaux usées et les déchets liquides et toxiques, aggrave la pollution des cours d'eau. Les liquides en tous genres, à cause de la mince couche de sable, s'infiltrent dans la nappe phréatique et peuvent provoquer des conséquences incommensurables sur les consommateurs, notamment ceux qui s'alimentent directement de leurs puits. L'extraction du sable devait être interdite par le ministère des Ressources en eau, dès 2007, pour la réserver uniquement aux carrières d'agrégats. Ces dernières, dans l'incapacité de répondre à la demande nationale en matériaux de construction pour achever les programmes de développement (autoroute est-ouest, le million de logements et autres chantiers de construction) a contraint le ministère à proroger le délai jusqu'à fin 2009. Les sablières, suite à cela, mettent les bouchées doubles afin de satisfaire une demande qui monte en flèche. Parallèlement, des propriétaires de sablières se lancent dans d'autres activités. Cela en prévision, probablement, à «l'interdiction» ultérieure de l'extraction du sable au niveau des oueds.