Les experts de l'ONU ont exprimé leur inquiétude de l'inondation des pays de l'Afrique du nord et du Sahel ainsi que de pays européens par le cannabis provenant du Maroc qui demeure, affirment-ils, ''la première source de résine de cannabis au monde''. C'est l'un des principaux constats relevés par un rapport publié mardi par l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) qui est un organe d'experts indépendants associé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce rapport a mis l'accent sur l'ampleur des coûts économiques et sociaux de l'abus de drogues du point de vue de la santé, de la sécurité publique, de la criminalité, de la productivité et de la gouvernance. En conséquence, le président de l'OICS, M. Raymond Yans, a appelé les Etats ''à unir leurs efforts pour mettre en œuvre des politiques de prévention et des programmes de traitement efficace'' contre ce fléau. Dans le volet relatif au trafic mondial de résine de cannabis ou haschich, le rapport cite les dernières données de l'Organisation mondiale des douanes selon laquelle 116 tonnes de résine de cannabis, soit 65% des quantités de cette catégorie de drogue saisies par les autorités douanières dans le monde, viennent du Maroc. Le trafic du haschich marocain emprunte des itinéraires à plusieurs destinations Par ailleurs, ces experts ont observé que l'Afrique du Nord représentait ''la sous-région de l'Afrique qui enregistre les plus grandes quantités de saisies de résine de cannabis provenant du Maroc''. A ce propos, cet organe de l'ONU a tenu à indiquer, en particulier, que ''les plus importantes saisies de résine de cannabis effectuées par l'Algérie ont été réalisées aux frontières algéro-marocaines''. L'OICS estime qu'un tiers de la résine de cannabis produite au Maroc transite par les pays de la région du Sahel. Décrivant dans les détails un autre itinéraire principal du trafic de haschich marocain dans la région, ces experts de l'ONU précisent que la résine de cannabis est acheminée par les réseaux de trafic à partir du Maroc vers la Mauritanie soit par voie terrestre via l'Algérie ou le Sahara occidental occupé soit par bateau. Ces quantités de drogue sont, par la suite, transportées le long de la zone septentrionale du Mali ou par la route Nouakchott-Néma avant d'entrer dans la région de Tombouctou, explique l'OICS. A partir du nord du Mali, précise encore le rapport, ''les itinéraires de la contrebande de résine de cannabis marocain se chevauchent en partie avec ceux de la cocaïne, en traversant le nord du Niger ou le sud de l'Algérie avant d'aller vers la Libye''. Par la suite, le haschich marocain est transporté soit vers l'Europe, via les Balkans, ou vers l'Egypte, alors qu'une autre voie s'effectue par le Tchad et le Soudan pour aller jusqu'à la Péninsule arabique. Sur ce point, ces experts de l'ONU rapportent qu'en 2013, les autorités égyptiennes avaient saisi, avec la collaboration de la marine italienne, des dizaines de tonnes de résine de cannabis en provenance du Maroc par voie maritime, qui étaient destinées au marché égyptien.
La passerelle espagnole pour la drogue marocaine Pour montrer davantage l'ampleur du trafic mondial du haschich cultivé au Maroc, ces experts internationaux notent également que l'Espagne ''reste le principal point d'entrée en Europe pour la résine de cannabis en provenance du Maroc et demeure aussi la passerelle vers les marchés d'Europe occidentale et centrale''. Ils précisent qu'une partie de ces expéditions est effectuée en dissimulant les quantités de haschich dans des camions transportés sur les ferries en direction de l'Espagne. Outre l'OICS, il est à rappeler que l'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC) a également listé le Maroc comme principal producteur mondial de haschich. Il a alors mis en garde la communauté internationale contre l'impact des drogues sur les ''pays vulnérables'' et prévenu que le marché de la drogue est l'un des principaux facteurs qui continuent d'alimenter ''l'instabilité économique et politique'' autour du monde. Dans ce sillage, l'ONUDC a fait, particulièrement, part du ''besoin accru d'assistance'' pour les régions de l'Afrique de l'Ouest et du Sahel afin de prévenir les drogues illicites et la criminalité ''qui font obstacle au développement durable''.