L'accord de sortie de la crise politique en Ukraine, conclu entre le président Viktor Ianoukovitch et l'opposition, doit être mis en œuvre, a déclaré hier à Madrid le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Nous espérons que ceux qui ont poussé la situation (en Ukraine, ndlr) jusqu'au point où elle se trouve à présent y trouveront une issue. Et il est possible de la trouver sur la base de l'accord du 21 février (…). Il faut travailler honnêtement sans chercher à tromper personne», a indiqué le chef de la diplomatie russe à l'issue de négociations avec son homologue espagnol Jose Manuel Garcia-Margallo. Le 21 février, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et les principaux leaders de l'opposition ont conclu un accord sur le règlement de la crise politique en Ukraine qui prévoyait un retour au régime parlementaire, la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de l'élection présidentielle anticipée avant la fin de l'année en cours. Néanmoins, le 22 février, au mépris des ententes enregistrées et sans attendre que M.Ianoukovitch signe une loi autorisant la réforme constitutionnelle en Ukraine, la Rada a modifié la Constitution, destitué le président, limogé certains ministres et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. M.Ianoukovitch s'est réfugié en Russie. «La crise politique en Ukraine s'éternise, aucune force politique du pays n'étant à même de représenter les intérêts de l'ensemble de la population», a indiqué hier, de son côté, le président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) Sergueï Narychkine. «On voit bien que la crise politique extrêmement grave que traverse l'Ukraine s'éternise, y compris parce qu'il n'y a pas dans ce pays de force politique légitime qui reflète les intérêts et l'état d'esprit de tout son peuple multiethnique, de tous les groupes de population», a déclaré M.Narychkine lors de la première réunion du groupe de travail sur l'analyse juridique des procédures et des actes législatifs adoptés en Ukraine. Et d'ajouter qu'une telle force était parfaitement indispensable pour un dialogue politique et un consensus national. Moscou considère les événements qui se sont produits en Ukraine comme un coup d'Etat armé. Lors d'une conférence de presse mardi à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a estimé que le parlement ukrainien était «partiellement légitime», et qualifié d'illégitimes les autres organes de pouvoir formés par les nouvelles autorités du pays. Dans ce contexte, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé, hier, lors d'une conférence de presse à Bruxelles à un dialogue direct entre la Russie et l'Ukraine. «Notre priorité est de contribuer à une résolution pacifique de la crise actuelle (...).La situation en Crimée doit être réglée par le dialogue politique dans le cadre de la Constitution ukrainienne, dans le respect de tous les citoyens et communautés d'Ukraine. Nous saluons le dialogue direct entre Moscou et Kiev. J'espère que personne ne sera contre le déploiement d'observateurs internationaux en Crimée», a déclaré M.Barroso. Photos de matériel de combat russe en Crimée Par ailleurs, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a qualifié hier de provocation les photos de matériel de combat russe prétendument déployé en Crimée, publiées ces derniers jours dans la presse. «C'est une provocation», a-t-il répondu aux journalistes. Commentant une vidéo publiée en ligne et montrant des soldats qui se présentent comme russes, le ministre a dit : «Non, ce sont des foutaises».