La perception des personnes handicapées évolue en Algérie, mais leur insertion au sein de la société reste encore à parfaire. Les différents projets mis en place doivent en effet être soutenus et accompagnés par des actions de sensibilisation, le but étant de véhiculer une autre conception du handicap et de la personne handicapée. La législation nationale en faveur des personnes handicapées est relativement avancée, en dépit de quelques carences qui barrent encore la route pour une émancipation et une certaine autonomie. En 2002, une loi relative aux personnes en situation de handicap a été votée afin de protéger et de promouvoir cette frange de la société. Elle sera complétée en 2006 par un décret fixant les modalités d'accessibilité à l'environnement physique, social, économique et culturel aux personnes présentant un quelconque handicap. Ce décret sera ensuite renforcé en 2008 par un arrêté ministériel fixant les modalités d'action de la commission d'accessibilité. La loi 02/09 définit d'une manière claire les catégories et les avantages y afférent. Ainsi, il est stipulé l'existence de 4 catégories de handicap : le handicap physique, le handicap sensoriel (sourds et muets), le handicap visuel (aveugles et malvoyants) et les inadaptés mentaux. Ces quatre catégories perçoivent respectivement une pension mensuelle de 4000 DA, excepté les aveugles qui se sentent quelque peu lésés par ce qu'ils considèrent «une politique de deux poids deux mesures».C'est ce que n'arrête pas de signaler l'Organisation nationale des aveugles (ONA). Fort heureusement un écho favorable a été donné à leur revendication par la revalorisation de leur pension qui est aujourd'hui de 4000 DA. Les lois existent, mais… Les textes existent mais leur application sur le terrain reste à consolider. Signalons à ce propos que la convention internationale des droits des personnes handicapées a été signée par l'Algérie qui affiche une nette volonté d'aller vers le processus de ratification. Trois commissions sur l'accessibilité, auxquelles participent des représentants des associations de personnes handicapées, ont également été créées par le gouvernement. La conception selon laquelle la société doit inclure les personnes handicapées doit encore entrer dans les mœurs. Selon l'approche de la convention internationale, le handicap mais aussi l'environnement social rendent une personne réellement «handicapée» et l'empêchent de vivre normalement en société. L'environnement social doit donc s'adapter à la personne handicapée afin qu'elle puisse avoir une place au sein de la société. Cette vision du handicap trouve un écho favorable au sein de la société civile et des pouvoirs publics algériens, d'autant plus que les personnes concernées ne sont pas très nombreuses par rapport aux autres pays, même ceux développés. Le nombre de handicapés en Algérie est évalué à 1,5 million de personnes selon les pouvoirs publics. Les associations quant à elle avancent le chiffre de 3 millions. Une approche inclusive du handicap doit permettre aux personnes en situation de handicap de vivre dans leur famille et dans leur communauté en tant que citoyens à part entière. Cette approche doit aussi favoriser l'égalité des chances. La personne handicapée doit pouvoir accéder pleinement aux activités sociales, éducatives, professionnelles, sportives, civiques ou culturelles. L'insertion scolaire et économique est cruciale, l'accès à l'information et aux loisirs également. Mais surtout, il est indispensable que les infrastructures (bâtiments, trottoirs...) soient aménagées de façon à ce qu'ils soient facilement accessibles aux personnes handicapées.