Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Madjid Bouguerra, a appelé mercredi le Maroc à la ''retenue'' et la ''sagesse'' suite aux campagnes ''excessives'' menées par des responsables politiques, des partis politiques et des médias marocains contre l'Algérie. ''Nous espérons que nos frères marocains reviennent vers cette retenue et cette sagesse (…) et que cessent les campagnes marocaines qui tendent à être excessives à travers les déclarations de partis politiques et d'associations, de médias publics et privés et de certains responsables politiques'', a indiqué M. Bouguerra qui était l'invité de l'émission «Sur le fil» de la chaîne de télévision nationale Canal Algérie. ''Il faut que cela cesse (campagne) pour nous permettre de construire, dans la sérénité, une relation apaisée entre deux pays frères et voisins qui partagent tellement de choses ensemble'', a-t-il dit. Affirmant que les relations entre l'Algérie et le Maroc ''ne sont pas au niveau requis et souhaité'', M. Bouguerra a expliqué que l'Algérie ''a toujours fait l'effort d'inscrire sa relation avec le Maroc dans le cadre d'un processus graduel de normalisation et de restauration''. ''Malheureusement, nos frères marocains n'étaient pas au rendez-vous de cette volonté et de cette disponibilité'', a-t-il regretté, rappelant qu'en dépit de la récente violation de l'enceinte consulaire algérienne à Casablanca et la profanation de l'emblème national le jour de la fête nationale, l'Algérie ''a su garder la sérénité, la retenue et la sagesse nécessaire''. S'agissant de la demande insistante du Maroc pour la réouverture de la frontière avec l'Algérie, M. Bouguerra a indiqué que ''nous avons déjà essayé, en 2000, 2005 et 2011, de travailler dans un processus graduel, car nous voulions résoudre tous les problèmes qui existent au plan bilatéral avant d'aller vers cette perspective''. ''Malheureusement, à chaque fois que nous entamons des démarches et des efforts, nous nous retrouvons dans des problèmes qui ont bloqué tous les efforts et initiatives'', a-t-il encore regretté. S'agissant de la contrebande de la drogue à la frontière avec le Maroc, M. Bouguerra a affirmé qu'il ne se passait pas une semaine sans que les médias algériens ne rendent comptent de saisies, par les services de sécurité algériens, de ''quantités considérables'' et ''en constante progression'' de drogues venant du Maroc. ''Nous aurions pu traiter ce problème s'il existait une coopération réelle de la part des services concernés de notre voisin dans la lutte contre ce phénomène'', a-t-il dit. Il a indiqué que ''l'Algérie voudrait traiter ce problème dans le cadre d'une coopération bilatérale de voisinage, car, a-t-il dit, c'est la manière la plus sage de régler ce problème''. M. Bouguerra a, en outre, cité des experts qui estiment que la quantité de drogue saisie à la frontière avec le Maroc ne dépasse guère les 10 à 20% du nombre total qui arrive à échapper à la vigilance des services de sécurité algériens. ''Ce n'est pas parce que les autres chemins ou itinéraires de contrebande sont mieux contrôlés ou fermés. Cela signifie qu'il y a volonté de faire traverser par l'Algérie des quantités considérables de drogue'', a-t-il affirmé. A propos de l'Union du Maghreb arabe (UMA), M. Bouguerra a déploré le fait que Rabat conditionne la reprise des activités de l'Union, au titre des sommets, ''par un problème à la limite bilatéral '', estimant que le Maroc ''fait fausse route'' en agissant ainsi. ''Dire, qu'on ne peut pas continuer à construire l'UMA à cause du problème du Sahara occidental, c'est faire fausse route'', a-t-il affirmé. Il a rappelé que la question du Sahara occidental est ''un problème de décolonisation dont le règlement est pris en charge par les Nations unies pour essayer de trouver une solution politique mutuellement acceptable qui permette au peuple sahraoui d'exprimer librement son destin''. Interrogé sur la nouvelle tournée de l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région, M. Bouguerra a indiqué que M. Ross dit, qu'après cinq ans qu'il est en charge de ce dossier, ''il ne progresse pas''. ''Après cinq ans, l'Algérie comprend sa frustration. M. Ross dit qu'il ne progresse pas et estime qu'il était temps de changer de méthodologie dans son travail'', a-t-il expliqué, ajoutant que ''M. Ross a proposé sa méthodologie aux deux parties en conflit à savoir le Front Polisario et le Maroc et informé les deux pays observateurs : Algérie et Mauritanie''. Le ministre délégué a exprimé son espoir de voir ''la poursuite des efforts de M. Ross, permettre, avec la bonne volonté et la disponibilité, en particulier, des deux parties en conflit, de faire progresser ces efforts''.