Les travaux de réalisation des 38 logements sociaux participatifs (LSP) de l'AADL n'ont pas encore été lancés. Près de quatre ans après avoir versé la première tranche d'un montant de 300 000 DA, soit un total de 11,4 millions de dinars, les postulants n'ont rien vu venir. En attendant leur livraison, certains continuent de vivre chez des proches, d'autres à louer des appartements chez des particuliers. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, l'appel d'offres lancé récemment pour la prise en charge du chantier s'est avéré infructueux. Cette opération LSP, l'unique à être lancée par l'agence, a fait couler beaucoup d'encre. Depuis mai 2005, date à laquelle les souscripteurs ont honoré leurs engagements, en versant l'apport initial à la banque où est domiciliée l'AADL, il y eut de nombreux rebondissements. Rétrospective. Le versement de la première tranche a été suivi d'un avis de publication au sein d'un journal arabophone ! Unique dans les annales! Janvier 2006, date réglementaire pour le lancement des travaux de réalisation confiés à l'EBS, pour un délai prévisionnel de 14 mois, les bénéficiaires ne voient rien venir. Au contraire, les travaux de terrassement sont immédiatement bloqués par les habitants de la cité Espérance qui protestent contre l'implantation de deux nouveaux blocs au sein d'un site très «convoité». Les autorités locales sont alertées. Le 28 mai 2006, une mise en demeure a été adressée par la direction des Domaines au directeur de l'AADL, le sommant de se conformer au contrat administratif et au cahier des charges, de présenter un certificat de conformité et de justifier le retard qu'accuse le projet dans un délai ne dépassant pas les 8 jours à compter de la réception de ladite correspondance. Novembre 2007, les futurs acquéreurs des 38 LSP AADL, cité Espérance, sont locataires chez autrui. Les revendications exprimées devant les pouvoirs publics se multiplient, dont une lettre ouverte adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En vain. Invoquant le motif de sécurité publique, les autorités de la wilaya prennent la décision de changer le site devant accueillir les logements. Nouvelle grogne chez les acquéreurs. Une liste extensible Le choix s'est porté sur un terrain jouxtant le premier site. «Je suis contre la densification, il n'est pas normal que les anciens habitants soient confrontés à la venue de nouveaux voisins. Aussi, sécurité oblige, et afin de prévenir toute contestation, nous avons jugé utile de transférer l'implantation du projet», avait alors déclaré le wali, lors de la première session de l'APW, en réponse à la question d'une élue au sujet du retard qu'accuse le projet et de l'emplacement sur le premier terrain initialement destiné à des espaces verts. Les 38 postulants rejettent cette option au motif qu'elle n'est basée sur aucune assise réglementaire. En vain, encore une fois. Le calvaire n'est pas encore fini. Mai 2008, nouvelle donne, nouveau mécontentement. Il s'agit de la décision d'augmenter le nombre des futurs acquéreurs. De 38, ils passent à 60. Les 38 résistent. «C'est bizarre aussi le fait de nous imposer une liste additive de 22 acquéreurs. Le changement du site obéit peut-être à cette nouvelle donne.» Un deuxième dira : «Nous ne voulons pas être les dindons de la farce, nous avons bataillé et nous bataillons toujours, pour que ce projet soit lancé, mais pas avec 60 acquéreurs. On doit garder le nombre initial, à savoir 38.» Un troisième interlocuteur nous dira que «le directeur de l'AADL renvoie la balle au bureau d'études», lequel bureau considère que ce site peut accueillir 60 logements. «Pour notre part, nous proposons de maintenir le nombre de 38 logements et d'exploiter la partie restante comme aire de jeux et espaces verts au profit de nos enfants», ajoutera notre interlocuteur. Plusieurs sit-in ont été observés devant le siège de l'agence à la cite de Merdj Eddib. Les concernés se sentant lésés ne ratent jamais une occasion pour faire valoir leurs droits. «Cela fait quatre ans que je loue chez autrui, à raison de 10 000 DA le mois. J'ai déboursé plus de 40 millions de centimes depuis que j'attends la livraison de mon logement. Mes économies ont fondu, il ne me reste rien pour verser les tranches restantes», nous dit, dépité, un des 38 postulants.