AADL en colère Les postulants au logement location-vente, dont certains étaient parmi les premiers dépositaires de demandes, ont tenu hier un rassemblement devant la direction générale de l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL). Ils étaient des centaines à exprimer leur colère et à réclamer justice. Depuis dix ans, ils attendent la décision d'attribution d'un logement à Alger. Parmi ces protestataires figurent certains qui ont effectivement été retenus et qui ont déjà payé la première tranche mais n'ont pas encore obtenu de logement. Ces bénéficiaires doivent juste faire preuve de patience, affirme Mme Bourenane, responsable de la communication à l'AADL. «Depuis 2004, nous livrons les logements de manière partielle», nous a-t-elle expliqué, citant comme exemple le site de M'halma qui ne connaît, selon elle, aucun problème. Et d'ajouter : «Pour chaque attribution, nous sommes obligés de consulter le fichier national du logement» afin de vérifier si l'attributaire n'a pas bénéficié, entre temps, d'un bien immobilier. Car, a-t-elle rappelé, la réglementation stipule que les logements de type location-vente sont destinés exclusivement aux primo-demandeurs de logement. Mais les bénéficiaires des logements situés notamment aux sites de Aïn Benian et de M'halma ne comprennent pas pourquoi ces logements n'ont pas encore été attribués alors que d'autres les ont eus depuis de longues années déjà au niveau des mêmes sites. «Certains logements sont achevés depuis longtemps», ont tenu à témoigner des bénéficiaires. «Ce logement sera habité par mon fils qui est jusque-là encore enfant», ironise un quinquagénaire qui se souvient de l'année où il a déposé sa demande, alors qu'il avait 40 ans. La majorité des bénéficiaires ont été furieux hier en raison de leur situation sociale. «Je paye un loyer de 240 000 DA par an depuis des années. Je ne peux plus supporter cette situation», clame une dame qui vit la même situation que des centaines de bénéficiaires de la capitale. A propos de certains postulants du programme 2001, Mme Bourenane a affirmé qu'«ils n'ont obtenu que des notifications et n'ont rien payé encore», rappelant que la première semaine du lancement de l'Agence a enregistré des dépôts de dossiers dépassant jusqu'à trois fois le nombre de logements attribués pour la capitale. «Alger n'a bénéficié que de 25 400 logements qui ont été attribués». En instance en attendant de nouveaux projets Le reste des demandes «sera en instance» car l'AADL n'a bénéficié d'aucun autre programme pour la capitale. La responsable rappellera que l'agence est «un instrument de l'Etat» qui a décidé de réaliser un programme de 55 000 logements en 2001. Les dossiers de ces postulants ont été transférés à la banque CNEP (Caisse nationale d'épargne et de prévoyance) qui devait réaliser un programme de 65 000 logements. Cependant, ce programme n'a pas encore vu le jour, mais, tient à rassurer la même responsable «il n'a pas été annulé». Pour les contestataires qui demandent des explications au sujet de l'attribution de logements pour des postulants qui ont déposé leurs demandes en 2002 et 2003 et ont obtenu leurs logements alors qu'eux sont encore dans l'attente, elle explique que «c'est la Commission nationale de traitement des dossiers dans laquelle siègent des responsables du secteur de l'habitat», qui a déterminé les bénéficiaires. En guise de solution, l'AADL a signé avec la banque CNEP une convention lui permettant de prendre en charge la réalisation d'un projet de 1 846 logements à Rouiba. «Parmi les bénéficiaires figureront les postulants du programme 2001 qui sont en attente», a-t-elle affirmé. Pour ce site, qui était destiné auparavant à des logements sociaux participatifs (LSP), «nous avons obtenu l'accord du wali pour transférer le site pour l'AADL afin de pouvoir réaliser des logements location-vente». Cependant, la contrainte actuelle réside dans les prix de construction. Depuis 2001, les prix ont nettement augmenté et aucune entreprise n'acceptera de réaliser des logements à ces prix. A cet effet, l'AADL a adressé une lettre au ministère de l'Habitat pour demander la révision de prix de la construction. Premier dossier déposé à l'AADL : Ahmed Sebaa, n° 1636B00001 Le hasard a voulu que nous rencontrions la première personne qui a déposé une demande pour le logement location-vente. Ahmed Sebaa, sexagénaire, a déposé sa demande le 18 août 2001. Depuis cette date, il a eu juste obtenu un ordre de versement pour le 31/12/2002. Depuis cette date, il rêve d'obtenir un logement, à l'image des autres postulants qui ont brigué les documents attestant leur droit au logement location-vente. La colère se lisait hier sur les visages des protestataires qui ne sont pas à leur premier regroupement puisque d'autres rassemblements ont été tenus devant le siège de l'AADL et le ministère de l'Habitat. Des rassemblements devenus cycliques depuis le mois de novembre 2009 qui ont fatigué les protestataires et les responsables de l'AADL. Sans se lasser, ces protestataires se sont donné rendez-vous jeudi devant le ministère de l'Habitat. Ils interpellent le président ainsi que le ministre de l'Habitat pour engager une enquête afin de faire la lumière sur l'attribution des logements location-vente et les raisons justifiant la non-attribution des logements achevés pourtant depuis des années.