Quelles ramifications internationales éventuelles aura le dossier relatif à ce qui a été qualifié d'«affaire Sonatrach» ? Les Américains, eux, selon l'agence de presse Reuters, s'intéressent à cette affaire. Le département de justice américain a demandé, en juillet dernier, à la filiale italienne du géant ENI des informations sur le déroulement de son enquête interne sur l'Algérie. Lors d'une télé-conférence avec des analystes, le directeur financier de Saipem (société mixte créée par Sonatrach, côté algérien, et ENI, côté italien), Alberto Chiarini, a affirmé que son entreprise est prête à collaborer avec le département de justice américain. «On nous a envoyé une demande d'information sur l'Algérie», a-t-il déclaré. Le dernier développement de cette affaire est la diffusion à l'encontre de l'homme d'affaires Farid Noureddine Bedjaoui d'une notice rouge par l'organisation internationale de police (Interpol) suite au lancement d'un mandat d'arrêt à son encontre par la justice italienne qui, note-t-on, a été la première à déclencher une enquête sur ce dossier. La justice algérienne avait, précédemment, lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de plusieurs personnes citées dans cette affaire, dont l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chekib Khelil, et Farid Noureddine Bedjaoui. Saipem fait l'objet d'une enquête judiciaire aussi bien en Algérie qu'en Italie, pour une présumée corruption pour l'obtention de contrats de plusieurs milliards de dollars en Algérie. Saipem a nié toute malversation, selon Reuters. Les accusés, dont Chekib Khelil et Farid Noureddine Bedjaoui, bénéficient, conformément à la loi, de la présomption d'innocence. Cependant, Farid Noureddine Bedjaoui pourrait être extradé comme l'a été Abdelmoumen Rafik Khalifa. Ce dernier était demandé par l'Algérie et par la France. Les deux pays avaient demandé son extradition à l'Angleterre où l'ex-patron du groupe Khalifa résidait. Il a été finalement extradé vers l'Algérie qui avait joint à la demande d'extradition le rapport sur le procès au terme duquel l'ex-golden boy avait été condamné à la perpétuité. La tenue d'un procès sur son sol a été en faveur de l'Algérie au détriment de la France. Le même scénario semble se répéter cette fois : Farid Noureddine Bedjaoui, s'il venait à être extradé, sera-t-il remis à l'Algérie ou à l'Italie ? Tout dépend du pays d'où il sera éventuellement extradé. Autrement dit, cette éventuelle extradition dépendra des conventions bilatérales en matière d'extradition. L'Algérie et l'Angleterre ont, rappelle-t-on, signé une convention bilatérale d'extradition quelques années avant l'extradition de Abdelmoumen Rafik Khalifa. Sans cette convention, cette extradition vers l'Algérie n'aurait pas eu lieu. L'Algérie et l'Italie pourraient se disputer l'extradition de Farid Noureddine Bedjaoui puisque les deux pays ont lancé des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de cet homme d'affaire. L'Algérie pourrait cependant avoir réellement la priorité, puisque Farid Noureddine Bedjaoui a trois nationalités, dont la nationalité algérienne. Ses deux autres nationalités sont française et canadienne mais pas italienne.