Dans ce terrible constat, il est plus qu'évident que le ratage provient surtout des clubs. Lors de son passage samedi au forum de l'Entv, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a fait une étonnante révélation qui est passée, pour ainsi dire, inaperçue. Elle n'a, du moins, pas eu l'importance médiatique qu'elle méritait. C'était, pourtant, une sorte d'aveu d'une extrême importance pour le football algérien. Evoquant le problème de la formation, le président de la FAF a indiqué qu'en Algérie il y a moins de 4000 joueurs benjamins licenciés dans les clubs alors qu'il y en a 44 000, soit dix fois plus, dans la catégorie des seniors. Le benjamin, c'est le joueur dont l'âge se situe en dessous de 13 ans, juste avant le minime.Ces chiffres-là sont anormaux d'abord et surtout parce que l'Algérie est un pays jeune. A partir de là il faut se poser des questions sur la prise en charge de ce volet de la formation. Il y a une quinzaine d'années, le terrible constat fait au sujet du football algérien était que sa pyramide des âges était inversée. En se fiant aux chiffres donnés par M. Raouraoua samedi soir, on remarquera que quinze années plus tard la fameuse pyramide est toujours inversée. En somme, rien, ou presque, n'a été fait, durant tout ce temps, dans le domaine de la formation. Et le président de la FAF de pointer du doigt les clubs, coupables, selon lui, du grand ratage du football algérien. Il porte, même, un jugement, extrêmement, défavorable pour les dirigeants de ces clubs qui ne seraient, selon lui, que focalisés sur «la championnite», pour dire que seules les affaires du championnat senior les intéressent. «Il y a quelques jours nous avions organisé une importante réunion avec les présidents des clubs de la division I où nous devions parler du devenir de ces clubs. Sur les 17 présidents, que nous attendions, seuls 8 avaient daigné répondre à notre invitation. Cela vous donne un aperçu sur le degré de responsabilité qui anime ces gens», a dit à leur sujet M. Raouraoua. Ce sont, pourtant, ces présidents qui seront appelés à transformer leurs clubs en associations sportives professionnelles, à les inscrire au registre du commerce et à la gérer d'une manière… professionnelle. On voit d'ici le cirque auquel on est promis. Avec une telle situation on en est toujours à exiger des résultats probants à l'équipe nationale seniors. Une équipe que le coach national est obligé de composer avec un effectif issu, majoritairement, de notre émigration qui évolue dans des clubs professionnels en Europe. Il est un fait admis par tous, à savoir que les émigrés sont des Algériens à part entière qui ont droit à l'équipe nationale au même titre que les joueurs locaux. Il ne faudrait pas, cependant, qu'ils cachent les carences d'un football algérien qui ne parvient plus à renouveler ses élites. Aujourd'hui, il est plus que flagrant que la formation est le talon d'Achille d'une discipline qui ne décollera pas même si son équipe nationale venait à se qualifier à la Coupe du monde de 2010. En 1982 et en 1986, elle était bien au Mondial cette équipe nationale avec une ossature de joueurs formés presque tous en Algérie. Depuis ce temps là, on s'est endormi sur nos lauriers croyant que cette équipe était pérenne. Le résultat on l'a vu avec une extraordinaire dégringolade de notre football dans la hiérarchie mondiale et une absence quasi routinière de notre équipe nationale dans les grands rendez-vous planétaires et continentaux. En somme, une grosse déprime pour un sport qui n'arrive plus à se hisser au sommet et un travail de dimension herculéenne pour des acteurs de la FAF et des ligues qui auront besoin d'un soutien absolument infaillible de la part des pouvoirs publics.