Même si cette équipe venait à se qualifier pour la CAN 2008, elle ne saurait cacher toutes les imperfections dont souffre la discipline. Dans sa quête de rachat avec le public algérien, l'équipe nationale de football a, certainement, réussi à se faire pardonner, mercredi, à Montpellier devant son homologue du Brésil, son échec du 11 juin dernier face à la Guinée. En règle générale, une défaite, même en match amical, est très mal appréciée. Celle enregistrée face aux Brésiliens n'a, certes, pas provoqué de joie dans le camp algérien mais on peut être sûr que l'écrasante majorité des sportifs algériens l'ont acceptée avec une note teintée de satisfaction. Ce n'est, tout de même, pas tous les jours que l'on affronte le quintuple champion du monde et qu'on lui tient tête pendant plus d'une heure. Il y a de quoi se montrer assez indulgent pour le Onze national surtout quand on sait qu'il représente un football qui nage aux alentours de la 70e place du classement Fifa. Il faut, en outre, préciser que cette équipe a perdu mais sans jamais être ridicule. Elle s'est même permis quelques audaces offensives qui ont fait douter, à un certain moment, leurs adversaires. Un tel scénario nous fait, bien sûr, regretter que cette équipe va jouer un match capital le 9 septembre prochain en Gambie alors que ce rendez-vous n'aurait dû être qu'une simple formalité à accomplir pour elle. Tout cela par la faute du match du 11 juin qui la place aujourd'hui dans une position plus penchée vers l'élimination de la CAN 2008 que vers la qualification à cette même épreuve. En lisant les propos des joueurs brésiliens rapportés par nos confrères qui se sont déplacés à Montpellier, on se rend compte que le même regret est répété. Les Auriverde trouvent eux aussi que notre équipe mériterait d'aller au Ghana en 2008, Ronaldinho trouvant, lui, qu'elle a sa place dans une phase finale de Coupe du monde. Il est certain que le célèbre joueur brésilien s'est exprimé de la sorte pour ne pas décevoir nos confrères mais quelque part il doit être sincère dans ce qu'il dit. Nous restons, pour notre part, sur l'idée que nous avions toujours eu à savoir que ce n'est pas une victoire en Gambie ou une qualification à la CAN 2008 qui va nous faire croire que notre football a enfin trouvé la voie de son redressement. Cette discipline a accumulé tellement de retard qu'il faudrait des années pour espérer la voir repartir du bon pied. C'est dire la somme de travail qui reste à faire au niveau national pour éradiquer le bricolage dans lequel nos clubs, piliers de tout le système, se sont englués. Cette équipe nationale que nous avons est certainement la meilleure que nous ayons eue depuis au moins dix ans. Elle est l'émanation de l'équipe nationale espoir qui était en place il y a trois années de cela, puisqu'on y trouvait, déjà, Anther Yahia, Madjid Bougherra et Karim Ziani, trois des cadres de l'équipe A actuelle. Une équipe A essentiellement constituée de joueurs issus de notre émigration qui, forcément, ne sont pas représentatifs de ce qui se fait au niveau local. Cette sélection a de la graine. Il faut la couver et la protéger mais ses succès ou ses belles prestations ne sauraient servir de couverture pour cacher toutes les carences du football algérien. Notre émigration doit servir la cause de cette équipe nationale comme elle l'a toujours fait, même quand les valeurs existaient au niveau local comme en 1982. Mais on ne saurait se contenter d'une telle situation et laisser le football national péricliter. Il est essentiel que les futurs sélectionneurs puissent se baser sur des jeunes émigrés et sur des jeunes d'ici pour monter leurs équipes. Si nous formons assez de joueurs de qualité, ils auront la chance d'aller exercer leur talent à l'étranger pour travailler et progresser afin de servir utilement le Onze national. Aujourd'hui les plus grandes équipes nationales sont composées de joueurs qui n'évoluent pas à l'échelle locale. L'Algérie le fait mais avec des joueurs formés ailleurs qui font ce qu'ils peuvent pour lui faire obtenir les meilleurs résultats. L'ex-gardien de l'équipe nationale du Cameroun, Joseph Antoine Bell nous disait un jour que «l'élite du football africain est en Europe». Ce qui est vrai mais notre continent ne peut pas s'endormir sur ses lauriers pensant que son émigration lui fournira toujours un très grand nombre de joueurs de qualité. L'Algérie est dans ce cas, elle qui a la chance de compter sur une grande population qui vit hors de ses frontières. Cependant, si elle veut que son équipe nationale soit pérenne dans les succès, il lui faut donner un bon coup d'éperons pour relancer la machine à l'échelle locale. Cela passe par une grande politique sur le football élaborée par les pouvoirs publics en étroite collaboration avec les instances dirigeantes de la discipline. Ceci pour avoir une équipe nationale qui soit constamment parmi les premiers et non pas d'une manière épisodique entrecoupée de périodes de vaches maigres comme c'est le cas en ce moment.