Treize personnes ayant participé à des échauffourées samedi à Ghardaïa ont été interpellées par les services de sécurité. Selon l'APS qui cite des sources judiciaires, «ces individus seront présentés incessamment devant le juge d'instruction pour attroupement, outrage et violence contre les agents de l'ordre public». Selon une source de la cour de Ghardaïa, «ils ont été arrêtés en flagrant délit sur la voie publique, lançant des pierres et autres projectiles». Contacté par Le Temps d'Algérie, Mohamed Tounsi, un notable de la ville de Ksar Melika, a estimé, de son côté, que leur arrestation est «arbitraire». «Des jeunes de passage dans leur quartier, ou étant en train de nettoyer devant chez eux, suite aux saccages de leurs biens immobiliers, ont été arrêtés par la police», explique-t-il. M. Tounsi a ajouté qu'ils n'ont toujours pas été relâchés. «C'est des arrestations arbitraires. Notre quartier se fait agresser par des individus déchaînés et c'est nos jeunes qui se font arrêter. C'est de la provocation», a-t-il encore estimé. Il a indiqué que «ceux qui sont venus nous agresser sont sains et saufs et n'ont fait l'objet d'aucune arrestation, c'est injuste», estimant que le calme précaire qui a connu Ghardaïa depuis l'élection présidentielle risque de ne plus durer. «Les autorités nous ont assurés que la ville de Ghardaïa renouera avec la vie d'avant après le scrutin présidentiel, mais juste un mois après, c'est tout un autre constat», déplore notre interlocuteur. Une quinzaine de policiers, dont deux officiers, ont été blessés, avant-hier, dans des affrontements avec des jeunes dans le quartier de Theniet El Makhzen. Selon des sources locales, une vingtaine de blessés parmi les jeunes manifestants ont été dénombrés suite à ces escarmouches. Les heurts ont éclaté dans la rue principale de ce quartier populaire où des centaines de jeunes ont érigé des barricades à l'aide de pneus brûlés et jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Ces derniers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser une foule excitée prête à causer des dégâts au ksar de Melika où des jeunes ont grièvement blessé des passants. Faute d'avoir pu accéder à ce ksar, bouclé par un impressionnant dispositif de sécurité, les gens de ce quartier, opposés à ceux du quartier de Theniet El Makhzen, s'en sont pris aux forces de police qui se sont interposées entre les deux groupes et ont tenté de les disperser. Des mobiliers urbains ainsi que des biens privés ont été saccagés notamment les devantures des hôtels situés dans ce quartier. Un grand nombre de jeunes cagoulés, armés de bâtons, de frondes, de pierres et autres projectiles circulent dans le quartier de Theniet El Makhzen. Les forces de l'ordre sont toujours en interposition entre les deux groupes où deux habitations ont été incendiées. Une trentaine de blessés ont été admis aux services des urgences, selon une source médicale de l'hôpital de Ghardaïa. Le calme est revenu dans la soirée de samedi à dimanche et aucun acte de violence n'a été signalé depuis, à la faveur d'un déploiement des forces antiémeutes, appuyées par des unités de la gendarmerie mobilisées pour faire cesser les heurts et sécuriser les habitants de la ville.