Après ce qui s'est passé à El Harrach lors du match USMH-MCA avec d'innombrables incidents qui ont failli tourner au drame, des voix se sont élevées pour dire qu'il faudra, à l'avenir, éviter de programmer des matches de Ligue 1 dans ce stade. Quand des mesures sont prises en faveur de la sécurité des joueurs, de leur encadrement et des spectateurs il faut savoir les saluer. Le stade du 1er-Novembre de Mohammadia, dans lequel évolue l'USMH, est petit et chaque fois qu'un match du genre de celui contre le MCA y est programmé on prend un énorme risque. Plutôt que d'attendre qu'une catastrophe s'y produise on prend les devants et on annonce que plus un match de Ligue 1 ne se jouera dans ce stade. C'est bien, c'est même très bien mais dans le même temps a-t-on songé à l'endroit où l'USMH va jouer ? «Ce n'est pas notre affaire», diront ceux qui ont en charge la gestion de ce championnat. Ce qui est vrai mais en même temps, ces instances dirigeantes ont une responsabilité à assumer, celle de respecter la règlementation du football professionnel algérien. Or que nous révèle l'article 60 de cette règlementation ? Que les rencontres du championnat de football de la Ligue 1 doivent se dérouler dans un stade à la capacité d'accueil de 10 000 spectateurs au minimum, d'un terrain de jeu avec une pelouse en gazon naturel ou artificiel en bon état, d'installations dépendantes, à savoir au moins 4 vestiaires-joueurs, au moins 2 vestiaires-arbitres, une salle de contrôle anti-dopage équipée d'un réfrigérateur, une salle de presse, une tribune séparée ou isolée qui doit être réservée aux supporters de l'équipe visiteuse, une tribune officielle, une tribune de presse. Le même article précise, par ailleurs, que les stades des clubs professionnels de ligue 1 doivent obligatoirement disposer d'une installation d'éclairage réglementaire à 1200 lux (normes FIFA) avec une source d'approvisionnement de substitution (groupe électrogène) permettant le bon déroulement des matchs en nocturne. Ces stades doivent, également, disposer aussi de toutes les installations nécessaires à la retransmission télévisée des matchs, comprenant notamment une aire de stationnement pour les véhicules de la télévision. Il s'agit là de dispositions d'un document approuvé par l'assemblée générale de la Fédération algérienne de football, des dispositions qui ne sont malheureusement pas respectées. On met, en effet, au défi, la Ligue du football professionnel de nous citer un seul des stades qui accueillent les matches de Ligue 1 qui obéisse, de la manière la plus stricte, à cet article du règlement du football professionnel. Il n'y en a pas. Alors au lieu de jaser sur le stade d'El Harrach, on ferait mieux de songer à la manière dont il faudra s'y prendre pour que les stades où se tassent des milliers de spectateurs offrent les meilleures garanties de sécurité. L'exemple anglais L'Angleterre a été frappée par deux tragédies durant les années 1980, celle du stade du Bradford, dont l'une des tribunes avait pris feu lors du match Bradford Lincoln City le 11 mai 1985, incendie qui avait coûté la vie à 56 personnes, et celle du stade d'Hillsborough de Sheffield, le 15 avril 1989, lors d'une demi-finale de cup entre le Liverpool FC et Nottingham Forest qui avait vu 96 personnes périr dans une immense bousculade. Ce pays avait pris conscience de la nécessité de remettre à neuf tous ses vieux stades. Ce qui a été fait avec notamment des enceintes sportives où il n'existe aucun grillage entre le terrain et les tribunes. C'est ce qu'exige aujourd'hui la FIFA mais chez nous, c'est loin, très loin, d'être le cas. Chez nous, on continue à jouer dans de vieux stades dont on ne sait pas s'ils ont été expertisés par des organismes agréés par l'Etat. On va au stade sans savoir si on sera sécurisé sur tous les plans. Au stade 5-Juillet, deux supporters sont morts le jour du derby MCA-USMA en faisant une chute sur plusieurs mètres parce que l'endroit où ils étaient assis a fini par céder. Deux morts. Imaginons si ce jour-là il y avait 100 autres spectateurs assis à côté de ces deux malheureux. Au stade du 20-Août d'Alger un morceau des gradins de la tribune-virage s'est effondré la veille d'un match CRB-MCA. Et si cela s'était produit le jour du match, quand ladite tribune aurait été comble ? Aujourd'hui, on parle d'isoler le stade d'El Harrach des matches de la Ligue 1. Pendant ce temps, on a homologué le stade de l'Arba qui n'est pas plus grand que le petit stade de Boufarik. Le CRB Aïn Fakroun, lui, a été obligé de recevoir ses adversaires à Aïn Mlila. Quant au MCO, il ne joue pas au stade Zabana mais au stade Bouakeul. Il vient d'y avoir 15 morts dans une bousculade dans un stade de Kinshasa, en République démocratique du Congo. Pour l'instant, en Algérie il n'y a rien eu de tel mais gare aux négligences.