Les Algériens retiennent leur souffle à 48 heures du baptême du feu des Verts face aux Diables rouges de Belgique qui visent le leadership du groupe H, dans le cadre de la phase finale du Mondial-2014 de football au Brésil. Même si l'équipe algérienne, premier Onze africain ayant battu une équipe européenne (Mondial-1982, Espagne), a montré quelques insuffisances, notamment dans le compartiment défensif, lors des deux matchs amicaux soldés par deux victoires face à l'Arménie (3-1) et à la Roumanie (2-1), nombre de spécialistes refusent le moindre doute sur ses capacités réelles de "créer la surprise" face à l'ambition de la Belgique, une équipe qui n'a plus participé à une phase finale de coupe du Monde depuis 2002. Après 24 ans de disette et une figuration à oublier au premier Mondial organisé en terre africaine (Afrique du Sud, 2010), le dream algérien de passer au second tour semble rester intacte depuis que l'Algérie en a été privée, au Mondial-1982, par la supercherie austro-allemande à Gijon (Espagne). Tache noire dans l'histoire du football mondial, le scandale d'El Molinon a contraint d'ailleurs la FIFA à revoir le règlement de la programmation des matchs en phase finale, mais cela n'a jamais guéri les Algériens de leur frustration. "Nous voulons entrer dans l'histoire du football algérien", a affirmé Islam Slimani, l'attaquant des Verts et meilleur buteur lors de la campagne des éliminatoires africaines. Même si l'Algérie est dans un groupe difficile (Belgique, Russie et Corée du Sud), ce joueur et ses coéquipiers veulent ressusciter l'exploit de Gijon de juin 1982 (Algérie 2-Allemagne 1). Yes, we can! "Tout le monde se souvient de 1982 et de Rabah Madjer, Salah Assad ou Lakhdar Belloumi. Nous voulons marcher sur leurs pas et entrer dans l'histoire du football algérien", a indiqué Slimani au micro du site électronique de FIFA.com. Le milieu de terrain de l'équipe algérienne Saphir Taider et son coéquipier attaquant Nabil Ghilas partagent la même ambition, voire la même volonté. S'exprimant au nom de leurs coéquipiers, les deux joueurs ont affiché, dans une conférence de presse en terre brésilienne, le degré de conscience des Verts de leur mission au Mondial. "Nous tâcherons de faire honneur au pays et surtout se qualifier pour la première fois aux huitièmes de finale", ont-il affirmé de leur camp de base à Sorocaba (100 km de Sao Paulo), en dépit de l'appel du coach, Vahid Halilodzic, de rester "modeste". De leur côté, les inconditionnels des Verts croient en leur équipe, en ses capacités, en leur éventuel exploit. Dans les quartiers, les foyers, les cafés et les réseaux sociaux, le premier match, mardi à Belo Horizonte, de l'Algérie face à la sélection de Marc Wilmots, qui se vante connaître "tout" sur les Verts, est devenu un ordre du jour permanent. "Nous pouvons les battre. Nous avons des capacités, des individualités et un jeu offensif", relèvent beaucoup d'Algériens, fans du football, même si le championnat national, en principe réservoir de la sélection nationale, reste en deçà de leurs attentes. Pour d'autres, plus connaisseurs, les Verts doivent désormais savoir gérer leur match (temps, score et moral) contre les Diables rouges et se réapproprier le slogan de Barack Obama "Yes, we can!" "Nous devons absolument réussir nos débuts dans la compétition et cela passera inéluctablement par un bon résultat lors du premier match face à la Belgique", estime encore Taider. La rencontre contre les Belges, qui semblent très déterminés à jouer les premiers rôles, en ramenant d'ailleurs dans leurs valises plus de 2.000 maillots, sera abordée avec un "esprit de guerriers", ont affirmé unanimement les joueurs algériens car, pour eux, le match est d'une "importance capitale" qui déterminera le reste du parcours de l'équipe. 90 minutes pour convaincre "Nous sommes face à une simple équation. Ce match constitue un tournant. Il faut, coûte que coûte, le gagner. Un bon résultat nous ouvrira les portes de la qualification au second tour", a expliqué Nabil Ghilas les raisons de cette ambition. Des écrans géants ont été installés à travers différentes places publiques et établissements de jeunes du pays pour permettre aux nationaux de suivre les matchs du Mondial de football. Dans la capitale, 62 établissements vont être dotés de moyens pour permettre de visionner les matchs et des écrans géants seront installés au niveau des 13 placettes publiques. Plus de 2000 supporteurs algériens se sont déplacés au Brésil, pays de contrastes avec plus de 200 millions d'habitants et 7e puissance économique mondiale (derrière la Russie), pour prêter main forte aux hommes de Vahid Halilhodzic, un coach qui a su rendre aux Algériens leur qualité offensive. Restent cependant la "Realfoot" et 90 minutes sur le terrain (mardi à 17h00, heure algérienne) pour confirmer cette volonté, réaliser ce rêve de près de 39 millions d'Algériens ou sombrer, carrément, dans la désillusion qui ne devrait être que féconde pour le football national, en quête d'une refonte globale. L'Algérie est, au Brésil, à sa quatrième participation au Mondial et la seconde consécutive. Elle évoluera dans le groupe H avec la Belgique, la Russie, et la Corée du Sud.