Le journaliste n'est pas un acteur politique, c'est un "intermédiaire" et sa mission est à vocation sociale, a indiqué dimanche à Alger, l'expert indépendant et ancien directeur exécutif du journal français Le Monde, Alain Rollat, en mission de formation en déontologie pour le compte de l'Union européenne (UE). Selon l'expert, le "journaliste n'est pas un acteur politique mais plutôt a une mission à vocation sociale dont l'impact a une importance politique", a-t-il souligné, ajoutant que dans sa recherche de la vérité le journaliste peut être "confronté à des pouvoirs politiques ou économiques que cette recherche de la vérité gêne". Il a expliqué, toutefois, que ce n'est pas parce que le journaliste exerce sa profession dans ces conditions difficiles qu'il peut confondre son métier avec celui du politique, notant que les journalistes ont le "privilège" en démocratie d'exercer pleinement le rôle de contre pouvoir et d'être les médiateurs. "C'est en ce sens que les journalistes sont des acteurs sociaux", a-t-il dit, les qualifiant d'"employés de la démocratie". "Nous passons notre temps à demander des comptes aux autres", a précisé l'ancien journaliste. Par ailleurs, M. Rollat qui a animé une conférence au siège du quotidien Liberté, sous le thème "l'avenir de la presse écrite face aux nouveaux médias électroniques", fait sienne la définition de l'UNESCO des professionnels des médias. "Le journaliste est au service des peuples qui veulent de l'information honnête", a-t-il rappelé, expliquant que les principes déontologiques sont les mêmes partout. Dans ce sens, il a énuméré un certain nombre d'entre ces principes tel que la véracité de l'information, son explication, le respect des lecteurs, ainsi que la "pratique de la tolérance", en favorisant le pluralisme et en récusant la diffamation. Concernant l'avenir de la presse écrite face aux nouveaux modes de diffusion, Alain Rollat a affirmé que les technologies de l'information et de la communication (TIC) "ne vont pas tuer les presse écrite", bien au contraire c'est un facteur qui favorisera la concurrence. La confrontation va obliger, selon lui, les professionnels à se remettre en question et que la presse peut faire la différence par la qualité éditoriale des contenus et par le respect des règles déontologiques. Alain Rollat, ancien journaliste et directeur exécutif au quotidien Le monde assure actuellement une mission de formation dans les pays du Maghreb pour le compte de l'UE, autour du thème "déontologie du journalisme des principes aux pratiques". Cette formation consiste, selon ses dires, à rencontrer des journalistes professionnels pour débattre avec eux de la façon d'exercer le métier et leur donner des repères pour le pratiquer le plus honnêtement possible. "Le journaliste doit être au dessus de tout soupçon: pas de complaisance, pas connivence", a-t-il résumé.