Alors que les Palestiniens sont toujours noyés dans leurs différends, les Israéliens remettent peu à peu l'ordre dans la demeure, en franchissant le premier pas sur le chemin du changement du Premier ministre Ehud Olmert, éclaboussé par plusieurs scandales pour affaires de corruption. Ghaza : De notre correspondant Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères de l'actuel gouvernement israélien, a difficilement remporté, jeudi, les élections au sein du parti majoritaire Kadima, présidé par Olmert. Tzipi Livni se présentait en position de favorite face à Shaoul Mofaz, actuel ministre des Transports, ancien chef des armées et ministre de la Défense. Mme Livni l'a effectivement emporté, mais au terme d'un scrutin étonnamment serré : selon les résultats officiels, elle a recueilli 43,1% des suffrages, avec seulement 431 voix d'avance sur son rival Shaoul Mofaz, deuxième avec 42% ; il fallait 40% pour l'emporter dès le premier tour. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a promis de travailler avec Tzipi Livni. L'élection primaire « est une question interne israélienne et nous allons négocier avec quiconque, les Israéliens choisiront », a-t-il affirmé. Néanmoins, cette élection à la tête de Kadima, dont la popularité a sensiblement baissé est la première étape sur la voie de la formation d'un nouveau gouvernement. Après la démission définitive d'Ehud Olmert, qu'il fera dimanche après la réunion hebdomadaire du cabinet, Livni disposera de 42 jours pour réaliser cette dure tâche. En cas d'échec des discussions, des élections législatives anticipées devront être organisées début 2009, avec un an et demi d'avance. Ensuite, les pourparlers pour une alliance de gouvernement pourront durer jusqu'au prochain printemps. Ehud Olmert, pendant tout ce temps, expédiera les affaires courantes jusqu'à ce que le Parlement approuve un nouveau gouvernement. Pour devenir Premier ministre et disposer d'une majorité de travail stable, Tzipi Livni devra composer surtout avec des petites formations politiquement gourmandes, dont l'ultra-orthodoxe Shas, membre de la coalition sortante, qui pose des conditions pour y rester : une meilleure protection sociale des plus démunis et pas de négociations sur le statut de de la ville sainte d'El Qods avec les Palestiniens. L'affaire s'annonce donc ardue pour Livni, première femme à prétendre à la tête d'Israël depuis Golda Meir dans les années 1970, mais elle s'est déclarée résolue à engager sur-le-champ des négociations sur la formation d'une nouvelle coalition. Le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, par la voix d'Ismaïl Haniyeh, Premier ministre démis de ses fonctions par le président Abbas, a déclaré ne rien attendre de cette élection dans laquelle il voit « une poursuite de la politique d'agression israélienne ». Dans la rue palestinienne, surtout dans la bande de Ghaza soumise à un embargo féroce depuis son contrôle par le mouvement islamiste Hamas, cette élection n'a pas suscité beaucoup d'intérêt chez ces gens qui ont d'autres préoccupations. Se débrouiller une bouteille de gaz butane, assurer le pain quotidien à ses enfants, pouvoir trouver des médicaments pour se traiter, voir le terminal de Rafah ouvert pour pouvoir sortir librement de cette enclave, devenue véritable prison, voir les frères ennemis se réconcilier enfin sont actuellement des sujets bien plus importants que tout ce qui se passe a la tête de la hiérarchie politique israélienne, coupable à leurs yeux de tous leurs malheurs.