L'Espagne, éliminée prématurément du Mondial-2014, espère faire une dernière fois honneur à son statut de championne en titre lundi contre l'Australie à Curitiba (18h00 française) lors d'un ultime match sans enjeu entre deux équipes qui peuvent déjà se tourner vers les échéances futures. "Bien finir", tel est l'objectif affiché par les Espagnols après la désillusion de deux déroutes rédhibitoires face aux Pays-Bas (5-1) puis contre le Chili (2-0). A l'Arena da Baixada, la portée du match face à l'Australie est essentiellement symbolique: éviter le camouflet de la dernière place du groupe B, consoler des supporteurs dépités et repartir du Brésil avec un goût légèrement moins amer dans la bouche. "Nous sommes la sélection espagnole. Nous aurions aimé jouer pour la qualification mais nous jouons pour l'honneur", a souligné le défenseur espagnol Raul Albiol. "Nous devons gagner et prendre les trois points pour ne pas finir derniers du groupe et parce que nous représentons un pays, un maillot." En temps normal, la sélection N.1 au classement Fifa ne devrait ne faire qu'une bouchée des Australiens, classés au 62e rang. Sauf que les temps ont changé et que le règne de la Roja sur le football mondial, scandé par les sacres à l'Euro-2008, au Mondial-2010 et à l'Euro-2012, a brusquement pris fin. Après sa défaite mercredi contre le Chili, l'Espagne a essayé de trouver les raisons qui l'ont conduite à cette déchéance. Un début de polémique a même éclaté lorsque le milieu Xabi Alonso a évoqué un possible manque de "faim" et d'envie de la part du groupe espagnol, avant de revenir sur ses propos. Gagner contre l'Australie, même pour du beurre, serait la meilleure manière de démontrer que l'appétit est toujours là. "Un match monumental" Car de leur côté, les Australiens ne comptent pas laisser filer cette rencontre, qui peut leur permettre de prendre date sur la scène internationale après avoir bousculé tour à tour le Chili (3-1) puis les Pays-Bas (3-2). "Face à trois des meilleures nations du monde, les gens pensaient que nous n'allions même pas marquer un but", s'est félicité le sélectionneur Ange Postecoglou. "Nous entamons à peine ce processus. L'objectif est de revenir dans quatre ans et qu'on nous craigne avant d'entrer sur la pelouse". Les "Aussies" seront toutefois privés de leur expérimenté buteur Tim Cahill, suspendu pour deux cartons jaunes. "Ce dernier match est monumental. Si nous battons l'Espagne, ce sera l'un des plus grands moments de l'histoire australienne", a jugé l'attaquant, auteur de deux buts lors de ce Mondial, dont une volée fabuleuse contre les Pays-Bas. Pour une Espagne blessée, à l'inverse, cette rencontre a tout d'un traquenard. Mais elle peut aussi permettre à la Roja de terminer sur une note un peu plus positive: c'est l'occasion de donner aux remplaçants du temps de jeu et de rendre hommage à certains cadres dont il n'est pas sûr qu'ils resteront en sélection, comme le Barcelonais Xavi (34 ans) ou le Madrilène Xabi Alonso (32 ans). Et ce sera aussi l'occasion pour le sélectionneur Vicente del Bosque, qui est sous contrat jusqu'à l'Euro-2016 mais a dit réfléchir à son futur, d'ébaucher dès maintenant un nécessaire rajeunissement au profit de joueurs d'avenir, comme le milieu Koke (22 ans).