Difficile de s'en remettre: depuis mercredi, la sélection espagnole a tenté de comprendre la ou les raisons qui l'ont conduite à être l'une des premières éliminées du Mondial-2014, une désillusion jugée "impensable" par le sélectionneur des champions sortants, Vicente del Bosque. Manque de "faim" et d'envie? "On n'a pas su garder la faim, la conviction, la volonté": tel était le diagnostic du milieu de terrain Xabi Alonso mercredi après la défaite face au Chili (2-0), synonyme d'élimination pour l'Espagne, à qui il reste tout de même un match pour l'honneur à jouer lundi contre l'Australie (16h00 GMT). Sous-entendu, l'appétit des Espagnols, leur engagement et leur sens du sacrifice n'étaient plus aussi fort qu'avant leur fabuleux triplé consécutif Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012. Les déclarations d'Alonso ont aussitôt créé un début de polémique en Espagne, où Marca a fait sa "Une" sur l'"indignation" et le "malaise" de ses équipiers qui, selon le quotidien, ne partagent pas son analyse. Il a bien fallu que le Basque revienne sur ses propos: "Nous avons, non pas la conscience tranquille, mais bien la sensation collective que nous n'y étions pas et qu'il nous a manqué de la tension. Ce n'était pas un manque de faim, nous étions impliqués, nous avions envie, mais c'est le sport", a rectifié Alonso vendredi soir au micro de la radio espagnole Cadena Ser. Des "erreurs" de l'encadrement? "Nous avons sans doute pu faire des erreurs dans nos décisions", a admis Del Bosque vendredi. Mais, malgré les critiques sur le vieillissement de son groupe, il a aussi défendu son choix de reconduire 16 des 23 champions du monde de 2010. "Peut-être que trois ou quatre autres joueurs avaient mérité de venir mais cette liste de 23 ne diffère pas beaucoup de celle que chacun d'entre vous aurait faite", a-t-il répliqué à la presse. Sous contrat jusqu'à l'Euro-2016, le technicien espagnol se retrouve aujourd'hui fragilisé: selon un vote publié sur le site internet de Marca, plus des deux tiers des 150.000 internautes consultés sont favorables à un changement de sélectionneur. Del Bosque a assuré n'avoir "rien décidé" concernant son avenir. "Je ferai ce qui sera le mieux pour tout le monde (...) Si je suis une gêne pour notre football, je m'en irai", a-t-il dit. Reste que son profil de rassembleur est rare en Espagne, où le football est extrêmement polarisé entre Barcelone et Madrid. Et il sera difficile de trouver un entraîneur de l'expérience de Del Bosque, qui a pris avec succès la relève de Luis Aragones juste après le triomphe à l'Euro-2008. Les adversaires: "plus forts"? Dans un Mondial où les surprises se multiplient, l'Espagne veut croire qu'elle a fait les frais de deux épouvantails, les Pays-Bas et le Chili. "Je ne vois pas d'autre explication que footballistique", a assuré Del Bosque. "Si nous avons perdu, c'est parce que nos adversaires ont été plus forts sur les deux matches." La première période à peu près contrôlée de l'Espagne face aux Pays-Bas (1-1 à la pause, 5-1 au final) laisse également penser que les circonstances défavorables ont pu plomber mentalement la Roja. "Si vous m'aviez annoncé tout ça, je ne l'aurais jamais cru, a poursuivi Del Bosque. Cela a été quelque chose d'impensable, comme si l'équipe était tombée en dépression juste après avoir encaissé le deuxième but face aux Pays-Bas." Et les Espagnols de refaire le match: "si David (Silva) met le but du 2-0, nous serions en train de parler d'autre chose", a jugé Cazorla. "Les choses n'ont pas tourné en notre faveur, a renchéri Koke. Il faut seulement corriger nos erreurs sans douter de cette sélection qui a obtenu de grandes choses (...). Nous sommes toujours l'Espagne."