Aussi inattendus l'un que l'autre à ce niveau de compétition, le Costa Rica et la Grèce vont se livrer dimanche à Recife (17h00 locales, 22h00 GMT) un duel de survivants qui enverra l'une des deux équipes vers son premier quart de finale en Mondial. Il y a encore trois semaines, la Grèce était à peine un outsider du groupe C. Le Costa Rica était lui tout simplement un condamné. Tombés dans la poule D, ce groupe "de la mort" aux sept Coupes du monde (quatre pour l'Italie, deux pour l'Uruguay, une pour l'Angleterre), les "Ticos" semblaient destinés à la quatrième place. Résultat, alors que les Anglais et les Italiens sont à la maison depuis près d'une semaine, eux ont survécu et joueront le deuxième huitième finale de l'histoire de la "Sele", modeste 28e au classement Fifa, après celui de 1990. Sortis premiers de leur poule en ayant battu l'Uruguay et l'Italie, les Costariciens, ont étalé au premier tour leurs qualités défensives avec un seul but encaissé, sur penalty face à l'Uruguay. Mais ils ont aussi quelques formidables joueurs de ballon, comme le capitaine Bryan Ruiz ou Joel Campbell, prêté par Arsenal à... l'Olympiakos. La présence du Costa Rica en 8e de finale est tout de même une énorme surprise, la sélection ne s'étant jamais vraiment distinguée en dehors de la zone Concacaf (une finale de Gold Cup en 2002). Dans le pays, l'enthousiasme est donc immense et des députés ont déjà suggéré de faire du sélectionneur colombien Jorge Luis Pinto un citoyen d'honneur ou de décréter le 20 juin, date de la qualification pour les 8e de finale, "Journée nationale du football". Mais cette euphorie a aussi poussé le sélectionneur à essayer de lutter contre l'idée que cette équipe partie de rien du tout puisse se retrouver en moins de trois semaines favorite pour une place en quarts de finale du Mondial. Les Grecs ont la recette "Maintenant, tout le monde connaît le Costa Rica, on sait ce dont nous sommes capables. Je ne sais pas si nous voulons être favoris. Nous ne nous sentons pas comme des favoris mais nous donnerons tout", a-t-il dit. "On est motivé, on veut le faire. On a montré au pays ce qu'on peut faire. On se sent très fort, on sent qu'on peut gagner et faire quelque chose d'encore plus grand pour le pays. Il faut voir grand. Etre réaliste mais voir grand", a-t-il ajouté samedi. Face à eux, les "Ticos" vont retrouver cette équipe de Grèce revenue de toutes les critiques et rescapée de la dernière seconde, avec un penalty arraché dans le temps additionnel contre la Côte d'Ivoire. Les Grecs comptent peu de footballeurs de classe mondiale, mais ils ont peu d'équivalent dans la rage, la confiance en ses moyens, même s'ils ne sont pas immenses, et l'art de pourrir la vie des adversaires. Interrogé sur le site de la Fédération costaricienne, Luis Marin, l'adjoint de Pinto, ne s'y est pas trompé. "Il est très important que nous marquions rapidement, car la Grèce est connue pour se regrouper en défense dès qu'elle marque", a-t-il dit. L'avantage, c'est que la Grèce ne marque pas souvent: deux buts seulement, dont un seul dans le jeu, pour se hisser en 8e de finale. Mais Karagounis et les siens savent parfaitement comment faire le plus avec le moins. Regroupés, accrocheurs, pas si maladroits en contre et opportunistes en attaque: c'est exactement ainsi qu'ils avaient été champions d'Europe en 2004. Ambitieux, le sélectionneur de la Grèce Fernando Santos a d'ailleurs refusé de parler de ce match comme d'une "occasion en or. "Ce n'est pas encore la finale, donc ce n'est pas une occasion en or. Une occasion en or, c'est jouer la finale. Là, c'est une bonne occasion, pour deux équipes qui n'ont pas une grande histoire dans cette compétition", a-t-il dit.