Le racisme n'est pas un phénomène qui a disparu comme par enchantement notamment dans les pays européens, dès lors que les Nations unies ont décrété le 21 mars de chaque année Journée mondiale pour l'élimination de la discrimination raciale. D'ailleurs à l'occasion de cette journée, et pour ne pas nier l'élimination de ces phénomènes «humains», le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lançait un appel international à agir contre le racisme. L'ONU a opté par le 21 mars, en pensant à cette terrible journée de l'année 1960, au cours de laquelle 69 Sud-Africains qui manifestaient pacifiquement contre le système honni de l'apartheid à Sharpeville, étaient sauvagement abattus par la police raciste. Si aujourd'hui, ce système n'est plus, cela ne signifie nullement que le racisme ait disparu, notamment des pays économiquement développés, où des cohortes d'immigrés issus des pays de l'hémisphère sud, pauvres, s'y réfugient en quête d'un mieux-être social et économique ou encore pour fuir les conflits internes et les guerres. La haine de l'étranger est toujours là, et les autochtones y voient une menace pour leur sécurité et leur bien-être économique et social. Ban Ki-moon dans son message du 21 mars dernier dénonçait ce qu'il a appelé «la recrudescence d'actes racistes, liés en partie au terrorisme et à l'accroissement des migrations». Il a affirmé en outre, que «le racisme existe dans tous les pays» et a demandé «instamment» aux représentants des pays membres de l'Onu et d'ONG, qui vont se rencontrer le mois prochain à Genève, autour de ce phénomène, de «se concentrer pour y faire échec». Les opposants au phénomène en Europe témoignent de faits nouveaux qui s'observent dans leur société pour dire haut et fort, que «la discrimination raciale s'est modernisée». Elle est, ajoutent-ils, devenue «plus discrète». Même ceux qui s'efforcent de se montrer «politiquement corrects», vis-à-vis du racisme, sont en réalité, «intolérants» par rapport à l'étranger. Il n'est que de voir le comportement des «autochtones» en Europe, à l'égard, des migrants clandestins surtout, qui sont parqués et regardés comme des animaux de cirque dans des centres de détention ou de rétention, en attendant leur reconduite aux frontières. La France officielle a créé un ministère de l'immigration, dont la mission réelle est le renvoi chez eux, de 24 000 clandestins par an. Les centres de rétention d'immigrés sans-papiers et même de touristes possédant un visa légal existent y compris dans les aéroports. Sous prétexte de lutte contre l'immigration illégale, il n'est pas difficile d'y voir une phobie de l'autre, du non-Européen en général. En Italie, l'île de Lampedusa où s'entassent plus de 1800 Africains débarqués de leurs barques de fortune pour les plus chanceux, ils ne peuvent être transférés ailleurs, malgré le manque d'espaces. Lors d'une visite au centre, Maria De Donato, responsable juridique du Conseil italien pour les réfugiés, dénonçait «la situation grave qui est apparue depuis la mesure qu'a prise le gouvernement en janvier 2008» bloquant les transferts dans d'autres centres.
Le racisme nouvelle version Pour les observateurs en Europe, de nos jours, le profil du raciste s'est modifié par rapport au siècle dernier où l'on rencontrait des personnes qui croyaient ouvertement à cette idée saugrenue de la supériorité de leur race. «Aujourd'hui, elles défendent un traitement égalitaire et juste envers tous les groupes mais, en pratique, elles ressentent un malaise, de la peur et de l'anxiété vis-à-vis des personnes différentes», ont soutenu les analystes des comportements, pour qui «l'immigration est souvent mise en relation avec la délinquance et la perte d'opportunités». Des experts du phénomène du racisme lui collent le qualificatif nouveau d' «aversif». Selon leur définition, ce racisme «se caractérise par l'exercice de la discrimination, en se justifiant par des critères distincts de la notion de "race", ce qui lui permet ainsi de continuer à se considérer comme une personne sans préjugés». Ils citent le cas de ce chômeur européen, victime de la crise, qui affirme n'avoir rien contre les immigrés, «mais ce n'est pas juste que ce soit eux qui aient du travail et pas les gens d'ici. Ils nous enlèvent le pain de la bouche», a-t-il accusé. Pour ces experts, donc, «ce type de réaction est très courant dans le contexte actuel». Une psychologue explique fort à propos que «les racistes aversifs trouvent (en l'immigration) une excuse pour justifier leurs attitudes négatives envers les immigrés et leurs conduites discriminantes». Du reste, les étrangers en situation régulière dans les pays d'Europe, notamment en France, même le constatent à leurs dépens lors d'entretiens d'embauche, le rejet en douce de leurs démarches par les employeurs. «Cette nouvelle forme de racisme peut parfois perdre de sa subtilité pour devenir plus palpable, donnant ainsi lieu à des épisodes de violence ouverte suscités par des situations conflictuelles ou des évolutions sociales qui font que le groupe majoritaire se sent menacé», a expliqué notre psychologue. Le racisme se développe aussi à l'égard d'étrangers qui ont réussi socialement, comme ces footballeurs africains que ses supporters blancs invectivent et harcèlent depuis les tribunes malgré le respect que leur vouent leurs employeurs pour leur performance et l'apport financier qu'ils leur procurent. «Le sport est un miroir de la société avec tous ses défauts. Mais n'oublions pas que, par-dessus tout, le sport offre de grandes possibilités en termes d'inclusion sociale», disait récemment, une parlementaire européenne qui a mis au point une résolution pour combattre le racisme dans le football. Dans ce pays, même le corps médical a été mis à contribution pour lutter contre les clandestins. La mesure a été adoptée par le sénat italien le 5 février dernier et encourage «les médecins à dénoncer les immigrés sans-papiers qui se rendent dans les hôpitaux pour se faire soigner». Etre méchant avec les clandestins C'est le ministre de l'Intérieur issu du parti raciste Ligue du Nord, qui appelait alors à «être méchant avec les clandestins». Il en a fait une loi, qui fait peur à présent aux clandestins qui tombent malades et, par conséquent, évitent absolument de consulter pour ne pas être arrêtés. En Belgique, une récente enquête révèle que plus de 30% des Belges «se montrent intolérants à l'égard des minorités ethniques», et 33% sont convaincus qu'il existe «des races plus avisées que d'autres». Plus grave encore, cette annonce piquée dans un journal local en Hongrie : «A louer, appartement de 50m2 , 2 chambres. Les animaux et les personnes de couleur ne sont pas admis.» C'est une agence immobilière hongroise qui l'a publiée. Pour un porte-parole de cette agence, une «personne de couleur» renvoie à «Chinois et Noirs uniquement», assimilés à ces animaux. Le racisme n'est pas seulement visible en Europe. La palme du parfait raciste est attribuée incontestablement baux Israéliens, chez qui un consensus se dégage quant à l'expulsion des Arabes d'Israël vers la Jordanie et l'Egypte. Cette phobie des Arabes n'est plus l'apanage des courants extrémistes, mais elle est aujourd'hui au cœur du débat national dans cette entité raciste au point où l'Arabe et le musulman sont assimilés à des insectes. Quelques vérités illustrent cette montée du racisme en Israël, du fait des nouveaux colons venus d'Europe : «55% des Israéliens juifs disent que l'Etat devrait encourager les Arabes à émigrer, 78% s'opposent à ce que les partis arabes soient inclus dans le gouvernement et 56% sont favorables à ce que les Arabes ne peuvent pas atteindre le niveau de développement culturel des juifs.» L'islamophobie s'est répandue partout dans le monde dit civilisé conséquence de la montée du terrorisme islamiste. Les musulmans sont pour ainsi dire mal aimés à cause de l'amalgame entretenu sciemment entre terrorisme et Islam. Le racisme a encore beaucoup de beaux jours devant lui.