Mohamed Mechati, ancien membre du Groupe des 22 et de l'Organisation spéciale (OS) est décédé jeudi à Genève à l'âge de 93 ans, laissant derrière lui un long parcours de militantisme actif. Le rapatriement du défunt vers Alger est prévu aujourd'hui. Né le 21 mars 1921 d'une famille modeste à Constantine, Mohamed Mechati, l'une des icônes de la Révolution, s'est s'engagé jeune dans l'armée et a pris part à des campagnes lors de la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé en 1945, il rejoint le Parti du peuple algérien (PPA), l'OS, le Mouvement du triomphe des libertés démocratiques (MTLD), ainsi que le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA), où il se distingue par son militantisme actif. Début 1954, il est contraint de quitter le territoire national pour se soigner en France. Lorsqu'il s'est rétabli, il rejoint la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN). Il a été chef d'une zone d'Alger sous le commandement de Mohamed Boudiaf avant d'être transféré vers celle sud-ouest. Arrêté par les Français en août 1956, il a été incarcéré dans plusieurs établissements pénitenciers français avant d'être libéré en 1961. Compagnon des «Pères fondateurs» (Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Larbi Ben M'hidi...), Mohamed Mechati montre leur personnalité, leur héroïsme, mais aussi leur ego et les premières dissonances au sein de l'équipe qui prit en charge le destin national algérien en allumant la mèche du 1er Novembre 1954. Par ailleurs, Mohamed Mechati a occupé plusieurs postes diplomatiques, dont celui d'ambassadeur d'Algérie en Allemagne. Il a également occupé la fonction de vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH). En 2000, il consigne son témoignage dans «Militant de l'Algérie indépendante, Mémoires 1921-2000», édité chez Casbah Editions. En dépit de son âge avancé et jusqu'aux limites de ses capacités physiques, Mohamed Mechati s'est particulièrement attaché à livrer ses témoignages à ceux qui le souhaitaient, sur son parcours et celui de ses compagnons d'armes et de lutte. A l'égard des professionnels des médias et autres historiens et chercheurs, le défunt s'est imposé un devoir de témoignage sur des périodes clés de la Révolution algérienne. Il s'est soucié notamment de contribuer à une meilleure connaissance et compréhension de quelques zones d'ombre et de faits liés à cette période de l'histoire du pays, y compris celles controversées et conflictuelles. Ses contributions sur les colonnes des différents titres nationaux sont innombrables et l'on retient, entre autres, celle publiée au lendemain de l'ouverture démocratique post-1988 : «Du parti unique au multipartisme unique».