La flambée des prix des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes durant le mois sacré de Ramadhan, n'est pas de la seule responsabilité des commerçants mais incombe aussi aux citoyens, a estimé, hier, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). «Le citoyen a une part de responsabilité dans la hausse des prix, durant le Ramadhan, et l'absence d'une culture de consommation déstabilise l'équilibre entre l'offre et la demande, ce dont profitent les commerçants pour augmenter les prix», a indiqué, hier à Alger, le porte-parole de l'UGCAA, Hadj Tahar Boulanouar. Invité au forum du quotidien DK news, il a levé le voile sur le phénomène de la hausse des prix des produits alimentaires durant le mois sacré. «Quand la demande augmente, cela fait monter les prix, c'est la loi du marché», a-t-il dit, ajoutant que «les consommateurs sont irrationnels durant le mois sacré, ce qui donne l'opportunité aux commerçants à la spéculation». La perturbation des prix est, selon lui, le résultat de la perturbation de l'approvisionnement. «Le citoyen peut déminer à 50% les prix des produits alimentaires de large consommation», a-t-il affirmé. Pour appuyer ses propos, le responsable dira que l'Office national des statistiques (ONS) relève que les ménages algériens dépensent 42% de leurs revenues financières pour la nourriture et ce taux peut atteindre 60% durant le mois de Ramadhan. Le porte-parole de l'UGCAA a cité entre autres le manque de marchés de proximité. «Plus les étapes de commercialisation des produits sont multiples, plus les prix flambent, car il y a plusieurs commerçants qui y interviennent et chacun fixe le prix de vente selon le prix d'achat», a-t-il indiqué, ajoutant : «Il faut réaliser au minimum 1000 marchés de gros à travers le territoire national pour arriver à mettre fin à la spéculation et contrôler les commerçants.» M. Boulanouar a, par ailleurs, évoqué l'urgence d'élaborer un plan de production agricole pour éviter de produire des quantités supérieures à la demande du marché. La semaine dernière, les marché de gros ont jeté une importante quantité d'oignon», a-t-il déploré, appelant les pouvoirs publics à mettre en place une commission spécialisée dans les statistiques agricoles pour éviter le gaspillage et combler le déficit dans certaines wilayas. Pour sa part, le président de l'association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement, Mustapha Zebdi, a indiqué que le commerçant a une responsabilité morale et sociale dans la détermination des prix. «C'est immoral qu'un commerçant mette en vente des produits alimentaires de mauvaise qualité à des prix exorbitants», a-t-il dit, ajoutant : «Si le consommateur contribue à 50% à la détermination des prix, le commerçant est lui à 100%.» L'absence des marchés de proximité, a-t-il ajouté, n'est qu'un facteur et non la raison principale de la flambée des prix. «30% des infractions dans les marchés de fruits et légumes sont dues au non affichage des prix», a-t-il relevé, appelant l'UGCAA à sensibiliser les commerçants pour respecter les lois en vigueur. «Si les vendeurs affichent les prix de leurs produits, il y aura un climat de compétitivité entre eux, ce qui va diminuer les prix», a-t-il estimé. Il a également cité le manque de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics. «Les autorité locales et les offices de régulation ont un rôle important pour stabiliser les marchés algériens», a-t-il souligné, ajoutant que «les fruits secs ont connu une hausse de 20% durant le mois sacré, la preuve qu'il y a une spéculation de la part des commerçants qui profitent des circonstances pour arrondir leurs chiffres d'affaires».