La stabilité sécuritaire et économique de l'Algérie attire de plus en plus les populations des pays limitrophes ravagés par les guerres. Elles foulent le sol algérien en prenant d'énormes risques. Une étude menée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) a établi un rapport sur le flux migratoire vers l'Algérie. Le secrétaire général du CNCPPDH, Merdjana Abdelouahab, que nous avons contacté, a indiqué que l'Algérie s'est engagée à sécuriser ses frontières car ce phénomène a pris ces dernières années de l'ampleur, notamment depuis le déclenchement de ce qu'on appelle «le printemps arabe». Il a précisé que la CNCPPDH a tracé un plan théorique efficace et un programme idoine pour lutter contre ce fléau en collaborant avec des institutions nationales et internationales pour mettre fin aux flux migratoires vers l'Algérie. Cette commission a établi un rapport détaillé et riche en renseignements sur les migrants venus de différents pays du Sahel. Ce rapport a pour objectif de porter des clarifications sur la situation des réfugiés en Algérie, a indiqué M. Merdjana. Le document en question démontre que l'Algérie a été, depuis 1975, le pays d'accueil des réfugiés de pays subsahariens en les faisant bénéficier d'aides alimentaires et de suivis médicaux. Le même rapport révèle que les réfugiés représentent 23,11% de la population étrangère en Algérie, précisant que taux des personnes détenant le statut de réfugié demandeurs d'asile est estimé à 35,6%, soit 58,17% de l'ensemble des personnes étrangères installées en Algérie. Cette étude approfondie a également dressé un bilan sur les projets envisagés par les migrants de pays subsahariens prouvant que 43% d'entre eux rejoignent la rive européenne, notamment l'Italie et l'Espagne, et 57% préfèrent s'installer en Algérie où ils gagnent leur vie sous plusieurs formes. Dans ce sens, la CNCPPDH a constaté que le trafic humain ne se limite pas au transfert des réfugiés par les passeurs au niveau des frontières jusqu'au nord du pays, puisqu'on les exploite une fois installés. On a appris que les familles réfugiées au nord du pays sont exploitées par des manipulateurs à Alger et dans d'autres villes en les utilisant pour la mendicité, a fait savoir Merdjana. Les étrangers sont déposés devant les portes des mosquées et des boutiques, dans les stations de transport en commun et des gares. Merdjana a indiqué que des pratiques pareilles mettent en cause la crédibilité des ONG algériennes, leur transparence, voire la sacralité de leur mission, ce qui incite les ONG internationales à interpeller les autorités nationales. Sans aucune tergiversation, le gouvernement algérien a procédé à l'implantation de 4 camps d'accueil et une zone d'installation dans le sud du pays, juste après le déclenchement de la crise malienne en 2012, a affirmé Merdjana. Les autorités chargées de prendre en charge ces réfugiés estiment que leur nombre a atteint 165 000 dont 90 000 en état de vulnérabilité, a-t-on indiqué dans le document. Pour garantir le retour à leur pays d'origine, le gouvernement algérien les a fait bénéficier d'une assistance financière. Parmi les nationalités ayant bénéficié de ce soutien figurent notamment les Camerounais, les Ivoiriens et les Maliens qui sont classés parmi les premiers bénéficiaires. Alors que le gouvernement algérien a mis le paquet pour faire face à ce phénomène et sécuriser la longue bande frontalière du sud (1400 km), de nombreux réfugiés franchissent le territoire national au niveau des frontières marocaines. Une responsable de la CNCPPDH nous a révélé que parfois ces réfugiés sont poussés par les services de sécurité marocains pour entrer en Algérie.