La principale base militaire deBenghazi, dans l'est libyen, est tombée mardi aux mains de groupes islamistes, au moment où les autorités impuissantes font déjà face à des combats meurtriers dans la capitale, menacée par un immense incendie. Face à ce chaos, la France a évacué une cinquantaine de ses ressortissants, ainsi qu'«un certain nombre» de Britanniques de Libye, «par bateau», a annoncé hier le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à quitter ce pays, théâtre depuis plus de deux semaines de combats meurtriers entre milices à Tripoli et Benghazi. En effet, depuis la chute en octobre 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, après huit mois de rébellion soutenue par les Occidentaux, les autorités libyennes ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi en Libye, en l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées. Ainsi, le «Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi», une alliance de groupes islamistes et jihadistes, a annoncé, dans un communiqué mardi, avoir pris le contrôle du quartier général des forces spéciales. Une source militaire a confirmé que «la base principale des forces spéciales est tombée mardi» aux mains de ces groupes dont celui d'Ansar Asharia, classé comme organisation terroriste par Washington. Sur sa page Facebook, Ansar Asharia a publié des photos de leur «butin» de guerre : des dizaines d'armes et de caisses de munitions. Les combats font rage depuis une semaine à Benghazi, faisant une soixantaine de morts depuis samedi, selon des sources médicales de cette ville. L'unité des Forces spéciales est une des rares brigades de l'armée régulière en Libye. Elle a annoncé son soutien aux opérations du général dissident Khalifa Haftar, sans toutefois se placer sous son commandement. Ce général à la retraite mène depuis le 16 mai une opération contre les groupes «terroristes» à Benghazi. Accusé par ses détracteurs de mener un coup d'Etat, il bénéficie du soutien de plusieurs unités de l'armée régulière, dont les forces de l'armée de l'air. A Tripoli, un incendie ravageait hier, pour la quatrième journée consécutive, un immense dépôt de stockage d'hydrocarbures à Tripoli, provoqué par des combats entre milices rivales. Le gouvernement a demandé de l'aide à l'étranger, mais des pays comme la France et l'Italie ont exigé au préalable l'arrêt des violences.