A son ami Zahir Bouzrar qui lui avait demandé de mettre fin à son mutisme qui avait duré trois ans d'affilée, en lui rappelant qu' il avait des choses à dire, Hadj Omar lui avait répondu : «ça fait trois ans que j'ai cessé de penser.» Cet homme qui avait été poussé au silence avait sûrement des choses à dire, des choses sûrement amères à entendre. Marginalisé durant sa carrière, bien qu'il soit l'un plus grands metteurs en scène, sinon le plus grand qu'ait connu l' Algérie, il reste inconnu à ce jour. Il a été pourtant un artiste complet. Il était un excellent comédien, chanteur et metteur en scène. Très cultivé, il fut le premier Algérien à obtenir un diplôme de metteur en scène de la Sorbonne. Hadj Omar, dont le frère aîné n'était autre que le grand compositeur Amraoui Missoum, entama une carrière de chanteur alors qu'il n'avait que 13 ans. Très jeune, il fera une tournée avec Mohamed Touri avant de rejoindre la troupe El Mesrah El Djazaïri que dirigeait Mustapha Kateb. Après ses études à la Sorbonne et sa formation au Théâtre national populaire (TNP) où il avait côtoyé Jean Vilar, Gérard Philippe et Albert Camus qui sont devenus ses amis, Hadj Omar est retourné au pays après l'indépendance pour servir le théâtre et l'art dans son pays. Etant un spécialiste de Brecht qu'il avait rencontré, Kateb lui confiera plusieurs pièces de l'auteur allemand dont Les Chiens qui obtiendra le premier prix en Tunisie puis Le Cercle de craie qui aura également la première place à Damas. Les prix obtenus par ce grand homme et ses idées avaient mené certaines personnes à le pousser à son légendaire silence qui aura duré trois ans avant qu'une voiture ne vienne mettre fin à sa vie.