Permettre au Barça de redevenir le Barça: tel est le défi qu'a accepté Luis Enrique en prenant cet été les rênes du FC Barcelone, qui doit retrouver sa faim de victoire après avoir connu sa première saison sans titre majeur depuis 2008. Tout est allé de travers la saison dernière pour le club catalan, mêlé à plusieurs affaires judiciaires, interdit de mercato par la Fifa, plombé par les blessures de ses cadres et finalement défait dans toutes les compétitions au printemps. Ce calvaire a eu raison de l'entraîneur argentin Gerardo "Tata" Martino, remplacé à l'intersaison par Luis Enrique, ancien joueur emblématique du Barça (1996-2004) et dont la poigne doit permettre d'initier un nouveau cycle victorieux. "J'attends un jeu très attrayant et très efficace", a promis le technicien de 44 ans, annonçant qu'il soumettrait ses joueurs à des entraînements exigeants et à un fort travail collectif. Symbole de cette nouvelle ère, des cadres historiques comme Victor Valdes, Carles Puyol ou Cesc Fabregas sont partis. Et Barcelone a dépensé plus de 150 millions d'euros en transferts, à la fois pour renouveler en profondeur son effectif et pour se prémunir si sa sanction d'interdiction de recruter pendant deux mercatos, liée à des infractions présumées concernant le transfert de joueurs mineurs, était confirmée en appel par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Ce Barça manquait d'envie après avoir tout gagné ? Arrivé de Liverpool pour 81 millions d'euros, l'Uruguayen Luis Suarez doit lui apporter sa rage de vaincre, sans redevenir coutumier des mauvais gestes. Suarez dans 'le rôle du méchant' Certes, le meilleur buteur du dernier Championnat d'Angleterre (31 buts) est actuellement suspendu jusqu'à fin octobre pour avoir mordu un adversaire lors du Mondial. Mais il pourrait former ensuite un trio d'attaque dévastateur avec le quadruple Ballon d'Or Lionel Messi et la pépite brésilienne Neymar. "Nous avons besoin de gens qui jouent le rôle du méchant. Luis Suarez est très compétitif, j'espère qu'il va vite revenir", s'est réjoui le latéral brésilien Dani Alves. Fait révélateur, parmi les recrues de l'été catalan, on retrouve plusieurs joueurs qui étaient les capitaines de leurs équipes respectives, capables de redonner un mental de fer à l'effectif. Le défenseur français Jérémy Mathieu (30 ans, Valence), le Belge Thomas Vermaelen (28 ans, Arsenal), le gardien chilien Claudio Bravo (31 ans, Real Sociedad) ou encore le milieu croate Ivan Rakitic (26 ans, Séville) ont tous porté le brassard en club ou en sélection. "L'an passé, les résultats n'ont pas tourné en notre faveur pour des détails. Mais nous avons désormais de nouveaux joueurs, un nouvel entraîneur et une autre mentalité", a souligné le meneur de jeu Xavi, un temps en instance de départ mais retenu par Luis Enrique. Gerardo Martino avait commis le crime de rendre le jeu barcelonais plus direct, s'éloignant du dogme de la possession de balle qui avait conduit le Barça au sommet de l'Europe avec l'entraîneur Pep Guardiola (2008-2012). Ancien entraîneur de la réserve du club (2008-2011), Luis Enrique connaît bien la maison Barça et l'exigence de beau jeu qui doit accompagner chaque victoire. "Nous commençons à construire un nouveau Barça, un Barça qui peut plaire, un Barça qui obtient tous les résultats recherchés", a résumé le technicien asturien. Vaste programme.