Les associations de défense des droits des femmes et des enfants accueillent favorablement les amendements introduits dans le code pénal lors du Conseil des ministres tenu mardi. Les amendements visent à lutter contre le phénomène de violences faites aux femmes et aux enfants. Contacté hier, un membre du réseau Wassila d'aide aux femmes victimes a salué cette initiative, indiquant que c'est un grand pas vers la lutte contre la violence à l'égard des femmes en Algérie. «Nous l'avons attendu depuis de longues années, mais mieux vaut tard que jamais et nous sommes très satisfaits que ce projet de loi soit enfin pris en considération», s'est-il réjoui, ajoutant : «Nous attendons de voir le contenu des lois et surtout les mesures d'application». Il y a lieu de noter à ce propos que le chef de l'Etat a examiné le projet de loi portant amendement du Code pénal qui vise à «renforcer la lutte contre la violence à l'égard des femmes». Le projet de loi en question énonce «des sanctions envers l'époux coupable de violence contre son conjoint ayant entraîné une incapacité temporaire, un handicap permanent ou une amputation». D'autres sanctions sont prévues également contre «l'abandon de l'épouse enceinte ou non» et contre «les pressions ou intimidations visant à priver l'épouse de ses biens». Toutefois, les poursuites seront abandonnées dans le cas où la victime décidait de pardonner à son conjoint. Les femmes seront également protégées contre le harcèlement sexuel. Ce projet de loi prévoit en effet des sanctions à l'encontre de l'auteur d'agression sexuelle contre la femme, qui peuvent être aggravées si le prévenu est un parent de la victime ou si celle-ci est mineure, handicapée ou enceinte. Le projet de loi dispose en outre des mesures contre les violences attentatoires à la dignité de la femme dans des lieux publics, mais elles demeurent insuffisantes, pour notre interlocuteur. «La clause qui absout du crime, quand la femme pardonne à son agresseur» n'a pas lieu d'être, s'il s'agit de violences ayant entraîné une incapacité temporaire, un handicap permanent ou une amputation», a-t-il expliqué, affirmant : «Nous savons que la grande majorité des victimes retirent leurs plaintes par peur, parce qu'elles sont menacées et craignent de se retrouver dans la rue avec les enfants, qu'elles n'ont pas de logement». «17% seulement des femmes travaillent en Algérie, et devant cette situation de vulnérabilité sociale, il faut une vraie protection et responsabilité de l'Etat dans l'intégrité physique et morale des citoyennes. Les poursuite judicaires doivent être maintenues», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le conseil a examiné et approuvé la création d'un «fonds de pension alimentaire, lancé déjà le 8 mars dernier par le président de la République. Ce fonds vise à mieux protéger la famille, interviendra en cas «de carence du père ou de l'ex-époux, constatée par voie judiciaire à verser la pension alimentaire allouée aux enfants ou à la femme divorcée. Le Trésor public veillera par la suite aux recouvrements, auprès du père ou de l'ex-époux, des montants des pensions alimentaires avancées par le Fonds susmentionné. L'enfant au cœur des préoccupations de l'Etat Suite aux événements qu'a connus le pays depuis quelque temps où des kidnappings et des viols ont été commis à l'égard des enfants, les pouvoirs publics décident de renforcer l'arsenal juridique ayant trait à la protection de l'enfant. Le Conseil des ministres a approuvé à cet effet le projet de loi relatif à la protection de l'enfant visant à «renforcer la protection de l'enfant, dont l'intérêt supérieur est placé au centre de toute décision judiciaire ou sociale le concernant». Intervenant à ce sujet, M. Arrar Abdelhamid, président du réseau «Nada» pour la défense des droits de l'enfant, a indiqué que «l'Etat algérien témoigne aujourd'hui d'une réelle volonté politique à renforcer la lutte contre l'impunité des auteurs de telles violences, et ce, à travers l'adoption d'une législation exhaustive plus adaptée à la réalité, visant à la fois la prévention des formes de violences, l'intervention lorsque de tels actes se produisent et la sanction des coupables. «L'entrée des amendements du code pénal prouve que l'Algérie s'inscrit dans une tendance protectrice mondiale qui, en réalité, n'est que le reflet de ses obligations internationales et des préoccupations du comité de la Convention internationale pour l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes et des enfants», a-t-il affirmé. Abordant la décision du gouvernement de créer un organe national pour la protection et la promotion de l'enfance, M. Arrar dira que c'est une avancée importante car cet organe activera en qualité de délégué des enfants dans les différentes institutions nationale et sa mission principale sera d'intervenir à tout moment pour préserver les droits de l'enfant et sa protection.