Le corps sans vie d'Albert Ebossé a regagné sa terre natale. Il était venu chez nous en pleine jeunesse, empli de vitalité et d'espoir de réussite. Nous l'avons renvoyé chez lui dans un cercueil. La mort d'Albert Ebossé marquera à jamais le football et le sport algériens car ils n'auront pas permis à un athlète talentueux d'embrasser la carrière qu'il méritait. Albert Ebossé repose désormais dans son Cameroun natal et nous laisse empêtrés dans nos problèmes d'un football avec ses clubs déstructurés, ses stades insécurisés et ses publics dans lesquels évoluent des groupes qui sèment le désordre, la terreur et maintenant la mort. Albert Ebossé n'est plus de ce monde et nombreux sont ceux qui pensent qu'il va falloir oublier pour passer à autre chose. Or le problème est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît et certains ont intérêt à réfléchir à deux fois avant de croire que le plus dur est passé. Car cette mort-là, comme l'a stipulé le communiqué du procureur de la République près de la Cour de Tizi Ouzou, sur la foi du rapport du médecin légiste qui a autopsié le corps d'Ebossé, n'est pas due à un accident mais bien à un coup reçu sur la tête par un objet contondant qu'il va bien falloir indiquer de quelle nature il était et surtout d'où il venait. Cette mort est, de surcroît, intervenue dans une enceinte sportive censée être couverte par une police d'assurances. On ajoutera que le joueur camerounais est décédé alors qu'il venait de disputer un match officiel avec son club. Il était, donc, au moment du coup fatal, en service commandé, ce qui situe la responsabilité de son club, la JS Kabylie, qui va devoir mettre à contribution sa compagnie d'assurances. Il ne suffit pas de dire que l'on va continuer à verser le salaire du joueur jusqu'à la fin de son contrat pour espérer échapper à des déboires qui risquent bien de mettre très à mal le club de Tizi Ouzou. Il ne faut pas oublier qu'une enquête a été diligentée par le ministère de l'Intérieur pour faire toute la lumière sur ce drame. En dehors de cela, il y a des responsabilités civiles à prendre en compte. L'organisateur de la compétition, à savoir la Ligue du football professionnel, est ainsi impliquée dans cette affaire, une Ligue qui délègue un commissaire au match censé inspecter le stade avant le démarrage du match pour s'assurer que la sécurité est garantie. Le club recevant, qui est la JSK, est aussi engagé dans cette responsabilité en tant que garant de la sécurité. La direction du stade n'est pas en reste car c'est dans sa propre enceinte que le drame est survenu. Les services de police ont eux aussi des explications à donner sur la manière dont une partie du public a pu se procurer des projectiles pour les balancer sur le terrain. Nous ne cherchons pas ici à blâmer quiconque mais supposons un seul instant que la famille d'Albert Ebossé aille auprès de la justice pour se porter partie civile dans ce dossier, nous nous retrouverions face à une affaire qui risque d'ébranler tout le football algérien. Cette histoire est loin d'être terminée. Il ne fait pas de doute que des mesures vont être prises pour réduire au maximum le phénomène de la violence dans et autour des stades. D'autres mesures, par le passé avaient été prises mais la violence a-t-elle disparu ? On n'entendait plus parler de ce phénomène depuis un certain temps dans les deux grands championnats professionnels avant de le voir réapparaître alors qu'au niveau des compétitions inférieures il est toujours présent sauf qu'il ne bénéficie pas de suffisamment de médiatisation. En somme rien n'y changera et d'autres drames peuvent encore être prévus dans le football algérien.