Un haut responsable iranien a accusé Washington de chercher à violer la souveraineté des Etats, sous prétexte de lutter contre le terrorisme. «Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, les Etats-Unis veulent poursuivre leur politique unilatérale et violer la souveraineté des Etats», a déclaré Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, cité, hier, par l'agence officielle iranienne Irna. «L'action des Etats-Unis vise à détourner l'attention de l'opinion publique internationale du rôle central de ce pays et de ses alliés dans la création, l'armement et le développement des groupes terroristes sous prétexte de vouloir faire tomber le pouvoir légal en Syrie», a-t-il souligné. «La création d'une coalition antiterroriste par les Etats-Unis avec des pays qui sont les principaux soutiens des terroristes est suspecte», a-t-il déclaré, en faisant allusion à l'Arabie saoudite et au Qatar. L'Iran accuse «les Etats-Unis, certains pays européens ainsi que l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie de financer et d'armer les groupes rebelles syriens, favorisant ainsi», selon Téhéran, «l'émergence de groupes djihadistes comme l'Etat islamique (EI) ou le Front al-Nosra». De son côté, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a lancé une mise en garde contre une intervention militaire américaine en Syrie. «Les Etats-Unis jouent avec le feu dans la région mais doivent savoir qu'ils ne peuvent attaquer la Syrie sous prétexte de lutter contre l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui s'appelle désormais Etat islamique (EI)», a dit Larijani, cité par l'agence Isna. «Les Etats-Unis doivent savoir que s'ils attaquent les Etats de la région (...), plus personne ne pourra contrôler la région et la mèche sera allumée», a-t-il prévenu. L'Iran soutient les gouvernements syrien et irakien mais aussi les Kurdes d'Irak dans leur lutte contre les terroristes. Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a récemment affirmé que l'Iran avait été le premier pays à fournir des armes aux combattants kurdes pour faire face aux terroristes qui voulaient prendre le contrôle de la capitale Erbil. Les Etats-Unis, qui mènent depuis début août des raids aériens contre l'EI, ont déclaré la guerre à ce groupe et tentent de mettre sur pied une coalition internationale contre ce groupe terroriste sévissant en Irak et en Syrie. Selon l'agence américaine du renseignement (CIA), l'organisation dite l'Etat islamique compte entre 20.000 et 31.500 combattants en Syrie et en Irak. L'Iran avait déjà exprimé jeudi dernier ses doutes sur le sérieux et la sincérité de la coalition internationale contre l'EI. Obama salue l'unanimité des pays arabes «La menace de l'organisation dite l'Etat islamique a eu un effet positif», a estimé vendredi passé Barack Obama, celui «d'attirer l'attention pour la première fois depuis longtemps dans le monde musulman sur la nécessité de se tenir totalement à distance et de finir par éliminer ce type particulier d'extrémisme islamique qui n'a vraiment pas sa place au XXIe siècle». «Nous allons être en mesure de former le genre de coalition qui nous permettra de diriger, mais qui ne dépendra pas entièrement de ce que nous faisons», a ajouté le président américain lors d'une réunion de collecte de fonds du Parti démocrate à Baltimore. Barack Obama a annoncé il y a deux jours dans un discours à la nation américaine son intention d'«éradiquer» les terroristes de l'organisation dite «l'Etat islamique», en autorisant pour la première fois des frappes aériennes en Syrie et une intervention accrue en Irak, tout en excluant une offensive au sol. Une dizaine de pays occidentaux ont formé le noyau dur d'une coalition autour de Washington lors du Sommet de l'Otan de Newport il y a une semaine et dix pays arabes ont promis jeudi leur aide aux Etats-Unis, sans en préciser les contours. Une conférence internationale sur la lutte contre l'EI est prévue aujourd'hui à Paris.