Cachant mal le franc soutien de son pays au royaume du Maroc, le président du groupe parlementaire d'amitié «France-Algérie», Patrick Menucci, qui a eu récemment à visiter les camps des réfugiés, a avoué hier que «la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie est complexe». Pour le parlementaire français qui animait hier une conférence conjointe avec son homologue algérien, au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour faire un «état des lieux» de son séjour dans les camps de réfugiés sahraouis, «la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie est complexe». L'aveu n'est toutefois pas une première puisque plusieurs autres officiels français ont du mal à exprimer «clairement» la vision de l'Hexagone quant à la question sahraouie qui est une question de décolonisation. Le parlementaire français justifie son «hésitation» par le fait que l'Algérie tout comme le Maroc soient des partenaires «privilégiés dans la région du Maghreb. Des partenaires importants et stratégiques», ajoute-t-il tout en dévoilant le fond de sa pensée : «La France ne peut engager de processus de déstabilisation à l'encontre du Maroc», tance M. Menucci accordant toutefois au peuple sahraoui le statut de peuple qui aspire à la paix lorsqu'il affirmera que les Sahraouis ne sont pas des partisans de la violence, enchaînant par les très diplomatiques propos : «les Sahraouis adoptent une démarche politique intelligente.» S'exprimant de son côté sur le même sujet, Belkacem Belabbas, président du groupe parlementaire d'amitié «Algérie-France», affirmera que l'«on ne peut dissocier le dossier du Sahara occidental de la problématique de la stabilité dans la région», insistant sur l'importance et le rôle de la diplomatie qui n'est autre, selon lui, que la suite logique de la diplomatie «officielle». S'exprimant par ailleurs sue le dossier libyen, l'hôte de l'Algérie use des mêmes propos «diplomatiques» en exprimant la «confiance» de son pays quant à «la capacité de la diplomatie algérienne à réussir sa médiation». Interrogé sur la question des visas et de la libre circulation des personnes entre les deux pays, M. Menucci fera part de 350 000 visas délivrés par l'ambassade de France à Alger depuis janvier dernier, précisant qu'une grande partie de ces documents de voyage concerne des «sorties multiples». Son homologue algérien, Belkacem Belabbas, qui intervient sur le même sujet, soulignera que «beaucoup d'efforts restent à déployer», exprimant son souhait que la «dimension humaine» soit prise en considération dans la procédure d'étude et de délivrance des visas. Notons que le parlementaire français a ensuite été reçu en compagnie du nouvel ambassadeur de France en Algérie, André Parant, par le président de l'APN Larbi Ould Khelifa. S'il a évoqué son espoir de voir les relations diplomatiques entre les deux pays évoluer positivement, le président de l'APN ne manquera pas de revenir sur la question sahraouie en estimant que la communauté internationale «doit être neutre», sur ce dossier appelant la France à adopter une «position courageuse» dans la mesure où elle est membre du Conseil de sécurité de l'ONU. M. Menucci, qui affirme qu'il rendra un rapport au ministre des Affaires étrangères français sur sa visite dans les camps des réfugiés, reconnaîtra que les deux pays ne convergent pas souvent sur la question.