Les différents maux qui affectent toutes les franges de la société, comme le chômage galopant et l'érosion du pouvoir d'achat, ont poussé le citoyen algérien à se rabattre, en ce qui concerne le marché des vêtements et du mobilier, voire de l'électroménager, sur la friperie et la brocante. Tizi Ouzou ne fait pas exception. De nombreuses boutiques sont spécialisées dans ce genre de commerces. Certaines mêmes, connues pour être des boutiques de «luxe», se sont reconverties dans ce type de commerces qui a la cote en ces moments de disette et sont donc devenues une destination très prisée. Tous les jours que Dieu fait, ces magasins qui vendent à bas prix des vêtements d'occasion sont pris d'assaut par des citoyens à la recherche de la bonne affaire à des coûts moindres. Ce type d'échoppes tend de plus en plus à conquérir d'importantes parts du marché. Il est vrai que les prix proposés attirent plus d'un. C'est devenu comme une sorte de «refuge» pour nombre de personnes qui y trouvent leur compte. Une simple virée dans ces échoppes suffira à mesurer l'ampleur que prennent ces nouvelles habitudes qui tendent à se généraliser. Avec la généralisation de la contrefaçon et des produits fabriqués en Chine qui, parfois, comme l'attestent de nombreux spécialistes, vont jusqu'à générer des maladies à cause de la matière avec laquelle ils sont conçus, nombreux sont ceux qui préfèrent se contenter des vêtements d'occasion importés des pays de l'Union européenne, voire des Etats-Unis. «Je préfère acheter ce genre de vêtements que de m'exposer, pour une question de quelques dinars de moins, à des risques de maladies ou encore que de s'acheter un article quelconque qu'il faut jeter quelques jours plus tard», nous dira un client rencontré dans l'une de ces échoppes située dans l'un des principaux boulevards de la ville des Genêts. Il précisera toutefois que la première règle est de bien laver ces articles et de les désinfecter. «Parfois, nous tombons sur des affaires très intéressantes. Si vous connaissez le vendeur, c'est encore mieux car il peut vous aviser avant les arrivages !», nous dira Saliha, rencontrée lors de cette même virée dans l'un de ces magasins. Nous avons remarqué que ces échoppes sont plus prisées par les femmes. Malgré l'hygiène précaire... Elles sont soit des étudiantes, des travailleuses ou des femmes au foyer à prendre d'assaut ces échoppes. Les prix y sont très accessibles. A titre d'exemple, et c'est selon la qualité ou la marque, un pull peut être cédé à 200 DA, un tee-shirt à 60 DA, un manteau à 1200 DA, des jeans à 400 DA… Dans certaines échoppes les prix sont affichés alors que dans d'autres ils sont très négociables. «Parfois, j'achète deux ou trois articles pour le prix d'un seul», nous dira cette autre cliente qui dit être une habituée des lieux. D'autres magasins se sont spécialisés exclusivement dans la vente de la chaussure pour homme, femme ou enfant. On y affiche même l'écriteau «Stock américain». Il semble, selon certaines personnes apostrophées à ce propos, que ces échoppes sont toutes indiquées pour y dénicher les grosses pointures pour ceux qui chaussent du 45 et plus. Les prix sont plus qu'abordables pour beaucoup d'acheteurs et, malgré les risques de contracter des maladies, rien ne semble dissuader les acheteurs qui sont vite rassurés par les commerçants qui clament tout haut qu'ils sont en possession de tous les documents nécessaires, comme les autorisations délivrées par la direction du commerce, les certificats d'hygiène, etc. Si, auparavant, ce type de commerce était seulement pratiqué dans certaines échoppes situées en ville, aujourd'hui il tend à se généraliser de plus en plus. Nombreux, en effet, sont les vendeurs à la sauvette qui se sont reconvertis dans cette pratique. La chose est vérifiable dans la rue Lamali qui longe le CHU Nédir Mohammed, quotidiennement squattée par les «trabendistes». Ils vendent même de la fripe et à des prix qui défient toute concurrence. La rue Lamali se transforme tous les jours en une véritable fourmilière. Faut-il signaler aussi que de nombreuses localités de la wilaya de Tizi Ouzou vivent ce phénomène, notamment les autres centres urbains comme Draâ Ben, Khedda, Azazga, Draâ El Mizan, Larbaâ Nath Irathen, Tigzirt…
La brocante a la cote Outre le marché de la friperie, celui de la brocante s'installe aussi confortablement dans les habitudes des acheteurs. Le nombre de boutiques qui se sont spécialisées dans ce créneau ne cesse de s'agrandir. Les brocanteurs ont trouvé un marché juteux à plus d'un titre. D'un nombre très réduit, il y a juste quelques mois, ces magasins où l'on vend entre autres du mobilier sont un véritable phénomène qui bouleverse les habitudes commerciales. Tout le monde y trouve son compte. Il est vrai que s'acheter un meuble quelconque en ces temps de disette relève de l'exploit. Les prix sont tout simplement inaccessibles. Dans les magasins de la brocante, c'est tout le contraire. A titre d'exemple, un buffet de cuisine d'occasion en bon état – qui revient à pas moins de 18 000 DA chez le menuisier – peut être acheté à 8000 DA dans ce type de boutiques qui vendent de tout : tables de cuisine, bibliothèques, chaises, sofas, commodes, armoires outre l'électroménager. Les brocanteurs sont de véritables «chasseurs» de bonnes affaires. La majorité de leur clientèle est constituée surtout de nouveaux couples qui emménagent en ville. En plus du coût du loyer qui est exorbitant, il ne leur reste qu'à se rabattre sur les produits de brocante pour meubler leurs appartements.