Misère n Le chômage, la hausse constante du prix des produits de grande consommation et l'érosion du pouvoir d'achat ont contraint des millions de citoyens à se serrer la ceinture parfois au détriment de leur santé. Le recours abusif des gens à l'usage des vêtements d'occasion et autres articles de la friperie a des explications. Tout le monde s'accorde à dire que cette alternative s'explique à la fois par la pauvreté, la cherté excessive qu'affichent les magasins d'habillement importé et la qualité douteuse de ce dernier. Selon un propriétaire d'une boutique de friperie achalandée, les gens qui viennent chez lui, toutes catégories sociales confondues, cherchent tout simplement à s'habiller à petits frais. «On sait qu'un salarié percevant 15 000 DA, n'est pas capable de nourrir normalement sa famille. De ce fait, il tente, par le biais de la fripe, de réduire de moitié, voire plus, ses achats en habillement», explique un fripier en nous invitant à consulter les prix des articles. A l'intérieur de cette grande boutique bordant la rue Hassiba-Ben-Bouali, à Alger-Centre, une centaine de clients farfouillent et scrutent des amas d'articles pour dénicher une bonne «occasion». Car, selon certains habitués de ce genre de commerce. «Il se trouve que parfois un vêtement tout neuf se mélange avec l'usagé», indique une quinquagénaire. Cette dernière affirme que toute sa famille s'habille depuis plusieurs années avec des vêtements d'occasion. «Ça nous a vraiment aidés à supporter les autres charges financières. Je peux habiller entièrement mes enfants avec seulement moins de 10 000 DA grâce à la friperie», avoue-t-elle. Les prix sont largement abordables et il y a même des boutiques qui proposent des vêtements à un prix fixe. Ainsi, on y trouve par exemple, un pantalon à 200 DA, un pull à 150 DA, une veste entre 500 et 1 000 dinars, etc. Les critères d'indexation de ces prix sont la qualité, le degré d'usure de la pièce et la zone d'où provient le produit. Cependant, la clientèle algérienne a une nouvelle tendance qui consiste à chercher un habit de luxe dans une boutique de friperie. Dans un autre magasin, toujours à Alger, le fripier conteste le préjugé qui veut que seuls les pauvres fréquentent ces espaces. «Je reçois souvent des clients bien nantis qui me demandent de leur réserver des vêtements qu'ils n'arrivent pas à se procurer ailleurs», soutient-il avant d'ajouter : «Il y en a d'autres qui viennent chercher eux-mêmes ce dont ils ont besoin.» Cela s'explique, selon lui, par l'absence de vêtements de qualité dans les boutiques de prêt-à-porter. Il affirme que ces dernières sont bondées de produits contrefaits provenant des pays asiatiques. D'autres pointent du doigt les prix exorbitants du vêtement neuf qui ne sont pas à la portée du simple citoyen, parfois même des plus aisés. Quoi qu'il en soit, la friperie, à la faveur de la situation socioéconomique du pays, a fini par se faire une place dans les habitudes vestimentaires de nos concitoyens.