Les dirigeants européens ont exprimé un certain optimisme à l'issue, vendredi, d'un mini-sommet sur l'Ukraine à Milan, vite tempéré par des déclarations russes nettement plus réservées. A l'issue d'une première rencontre, qui a duré environ une heure et demie en début de matinée, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, s'est dit «vraiment positif», soulignant toutefois les «nombreuses divergences» existant encore entre Russes, Ukrainiens et Européens. On ne saurait mieux dire au vu des commentaires du Kremlin sur ce mini-sommet, suivi cet après-midi par une nouvelle réunion à haut niveau. «Certains» des dirigeants présents à Milan refusent de voir la réalité en face, rendant les négociations «difficiles» et pleines de «désaccords et d'incompréhension», a ainsi critiqué vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Malheureusement, certains participants (du sommet à Milan) ont fait preuve d'un manque total de volonté à comprendre la réalité de la situation dans le sud-est de l'Ukraine», a-t-il souligné. «Les choses avancent, mais elles ne sont pas réglées», a prudemment résumé le président français François Hollande. «Je ne vois encore aucune percée», a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel. Long tête-à-tête Poutine - Merkel «C'était une réunion positive», a jugé de son côté le Premier ministre britannique David Cameron, soulignant que Poutine avait clairement indiqué qu'il ne voulait pas d'un «conflit permanent» et d'une «Ukraine divisée», mais qu'il devait maintenant en faire la preuve. En début d'après-midi, les dirigeants russe et ukrainien se sont à nouveau retrouvés dans un grand hôtel milanais, en présence de la chancelière allemande et de Hollande. Lors de la rencontre du matin, le président russe, souriant et très détendu, et son homologue ukrainien étaient arrivés séparément à la préfecture de Milan, où ce mini-sommet s'est tenu, en marge du dixième sommet de l'Asem, qui rassemble pays européens et asiatiques. Ils y avaient été rejoints par Mme Merkel, Hollande, Cameron, Renzi et les dirigeants de l'Union européenne, Herman Van Rompuy et Jose Manuel Barroso. Ce rendez-vous avait été précédé par une série de rencontres bilatérales, dont le long tête-à-tête entre Mme Merkel et le président russe tard jeudi soir. De «sérieuses divergences» existent toujours entre le président russe et la chancelière allemande, avait déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Au cours de cet entretien prolongé et détaillé, Poutine et Merkel ont vérifié de façon minutieuse la mise en œuvre des accords signés à Minsk» le 5 septembre, qui ont permis l'instauration d'un cessez-le-feu – régulièrement violé – dans l'est de l'Ukraine entre combattants séparatistes et forces loyales à Kiev, a précisé Peskov. Concernant la situation dans l'est de l'Ukraine, le Kremlin avait dit cette semaine vouloir parler à Milan des «raisons et des origines du conflit» en Ukraine et des «perspectives de processus de paix». Mais pour Kiev, il n'y a qu'un seul sujet : «La paix et la stabilité» en Ukraine, a rappelé Porochenko jeudi soir. Son porte-parole a confirmé vendredi que le président ukrainien avait insisté sur l'intégrité de ses frontières et sur le respect du cessez-le-feu. Un accord de principe a été conclu pour une association de la Russie au contrôle de la frontière russo-ukrainienne par des drones, a-t-on également indiqué de source diplomatique italienne. Les Européens ne s'étaient guère fait d'illusion sur l'issue de ces entretiens, inédits entre les présidents russe et ukrainien depuis août. «L'idée est d'essayer de créer les conditions d'un progrès de la négociation», a indiqué une source diplomatique européenne proche des pourparlers, expliquant qu'il fallait éviter l'escalade et créer les conditions d'un cessez-le-feu durable sur le terrain. «L'idée est d'adresser ce message tous ensemble et on verra ce que ça peut ouvrir comme perspective pour plus tard», avait encore indiqué cette source.